2022, une année placée sous le signe du sang ?

Le sang a coulé à flot en Haïti en 2021, il coule déjà en ce début de 2022. Au bas de Delmas, le puissant chef de gang « Babekyou » sème la terreur, des maisons sont incendiées, des gens brulés vifs, d’autres blessés mortellement par balles, á l’Arcahaie, huit personnes sont mortes dans un conflit terrien et enfin, l’entêtement du premier ministre de facto Ariel Henry à se rendre aux Gonaïves a provoqué la colère de certains citoyens de la Cité de l’Indépendance, qui lui ont fait prendre la poudre d’escampette sous les détonations d’armes automatiques. Telles sont les atrocités, provocations (Ariel Henry) et incitations à la violence auxquelles nous avons eu droit en ce nouvel an. 2022 s’annonce déjà comme une année de grandes incertitudes et de turbulences et peut être placée sous le « signe du sang » au regard de la situation dégradante du pays.

Les premiers jours de cette nouvelle année nous donnent déjà une idée de quoi elle sera faite. 2022 arrive avec les mêmes dirigeants corrompus et toujours au service de la même oligarchie rétrograde, elle arrive avec les mêmes politiciens « abolotcho », sans scrupules, sans état d’âme, elle a apporté avec elle, les bandits qui ont pourri notre existence en 2021, avec les viols, les kidnappings, les assassinats, les exécutions etc. Ainsi, les affrontements entre les gangs vont continuer parce que le pouvoir en place est toujours de mèche avec les bandits qui agissent en toute impunité, les gens vont continuer à tomber sous des balles assassines parce que les bandits courent encore les rues sans la moindre inquiétude, nous allons continuer à nous faire kidnapper parce que les ravisseurs circulent dans des véhicules immatriculées « Officiel », c’est une année qui peut être placée sous le signe du sang.

La grosse désillusion qu’a vécue le premier ministre de facto Ariel Henry, arrivé clandestinement aux Gonaïves le 1er janvier 2022 à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance, montre clairement qu’il existe des tensions entre le gouvernement et la population qui, de toute évidence, ne se reconnaît plus dans le pouvoir en place. Au lieu de rechercher un consensus sur les grands défis qui attendent le pays, de prendre des dispositions pour combattre le banditisme, de restaurer l’autorité de l’Etat, le neurologue a préféré se lancer dans une démonstration de force soldée par une honte pour la police, pour l’armée, pour le gouvernement et pour tout le pays, pour répéter Liliane Pierre Paul. C’est un début d’année marquée par une rivalité féroce entre un pouvoir inconstitutionnel cynique et des civils armés qui ont fait échec aux velléités du premier ministre de facto aux Gonaïves.

Ce qui se trame dans les couloirs du gouvernement en termes de décisions pour le pays en ce début d’année, ne laisse augurer rien de bon pour la suite. L’échec du 1er janvier devrait pousser Ariel Henry et ses acolytes à comprendre qu’à n’importe quel moment la population peut entrer en rébellion avec eux. La guerre des gangs qui fait rage au bas de Delmas depuis le week-end écoulé devrait pousser le gouvernement à prendre des dispositions pour mettre fin à l’impunité dont bénéficient ces malfrats. Les victimes du conflit terrien à l’Arcahaie le sont parce que la justice haïtienne dans le domaine foncier participe et se fait même le garant des voleurs. En d’autres termes, l’Etat est le principal responsable de la situation délétère qui gangrène la société haïtienne depuis des lustres.

C’est un début d’année où l’on compte déjà des morts pour des raisons diverses et, ce n’est que le début. Il n’y a que l’année qui a changé en Haïti, après, tout est pareil qu’en 2021. Les causes de nos malheurs sont multiples, il y a d’abord la gangsterisation du pouvoir politique en Haïti, c’est-adire que, les élus, à tous les niveaux, s’offrent les services des gangs pour arriver, contrôler, se maintenir au pouvoir et se faire réélire, il y a ensuite la politique du « laisser faire ». Le pouvoir laisse agir les gangs en toute impunité, ces derniers échappent au contrôle de leurs maitres, ils agissent à leur propre compte. Donc 2022, en tout état de cause peut être pire en termes de morts et de violation des droits constitutionnels. Autant de fois que le pouvoir soit entre les mains d’hommes et de femmes corrompus, que le pays soit le marchepied des américains, Haïti leur arrière cours, que les gangs soient de connivence avec l’Etat, que la classe dominante soit toujours rétrograde, le pays ne fera que s’enfoncer dans l’abime. Le sang a coulé, coule et coulera encore. 2022, 2023, ainsi de suite, seront toujours placées sous le signe du sang.

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