30 ans après le coup d’Etat du 30 septembre de 1991, les blessures ne sont toujours pas cicatrisées
Le coup d’Etat du 30 septembre 1991 perpétré contre Jean Bertrand Aristide, a été un coup fatal porté à la démocratie en Haïti. Le vote populaire accordé au prêtre défroqué le 30 décembre 1990, marquait un tournant décisif dans la prise du pouvoir en Haïti. Le chemin des urnes, pour la première fois a été récompensé depuis l’enclenchement du processus démocratique consacré par la constitution de 1987, mais a toute suite été bafoué, par les Forces Armée d’Haïti qui ont renversé, le chef suprême de ‘’Fanmi Lavalas’’, contraint de prendre l’exil.
30 ans après ce putsch contre la démocratie, Haïti subit de plein de plein fouet les conséquences de cet acte barbare réalisé par les militaires, mais concocté par les oligarques de ce pays, qui voyaient l’élection d’Aristide comme une menace à leur pouvoir.
Après plusieurs années de tâtonnement dans l’organisation d’élections pour mettre en place un pouvoir constitutionnel selon le vœu de la constitution de 1987, le peuple, en décembre 1991, a finalement fait parler son droit de vote. Il a voté massivement, Jean Bertrand Aristide, porteur d’un discours anti-impérialiste, à la limite révolutionnaire. Il symbolisait le visage de la libération des masses aliénées par un système d’exclusion qui a traversé toute l’histoire de ce pays. La démocratie, pour la première fois a triomphé, la voix du peuple a été respectée. Cette victoire fut de courte durée, le président élu démocratiquement a été victime d’un coup d’Etat, qui a brisé le rêve de changement du pays prôné par le leader lavalassien. Aristide, élu par la population avait toutes les cartes en main pour agir. Il n’était pas encore sous la coupe du blanc, il n’était pas non plus attaché à la table de la bourgeoisie haïtienne, qui depuis la formation de la société haïtienne, s’est toujours arrangée pour avoir le contrôle du pouvoir politique du pays.
Le coup d’Etat de 1991, est l’œuvre de l’international et la bourgeoisie haïtienne rétrograde qui voulaient à tout prix freiner le pays dans son élan démocratique. Les Etats-Unis d’Amérique, depuis l’occupation américaine, considèrent Haïti comme son marchepied. Un président élu sans sa bénédiction comme ce fut le cas de Jean Bertrand Aristide, est à éjecter du pouvoir sous une forme ou sous une autre. Ceci est tout aussi vrai pour la bourgeoisie haïtienne, qui n’accepte pas qu’un président haïtien ne soit pas à sa merci. D’un côté, il y a l’ingérence de l’international, particulièrement les Etats-Unis d’Amérique dans la vie politique du pays, d’un autre côté, il y a les hommes d’affaires puissants de ce pays, qui manifestement détiennent le contrôle des différents pouvoirs du pays.
Les conséquences du coup d’Etat de 1991 pèsent encore sur l’organisation politique du pays. Le pouvoir en Haïti, depuis le coup d’Etat de 1991, est un espace truqué, contrôlé par la communauté internationale et la bourgeoisie haïtienne. Les élections sont de plus en plus décriées. L’intervention de l’internationale dans la vie politique en Haïti dépasse l’entendement. L’ingérence est devenue normale. L’autodétermination des peuples est un leurre. Haïti a perdu son indépendance et sa souveraineté. Les conséquences économiques du coup d’Etat de 1991 ne sont pas encore cicatrisées. Les trois années de croissances économiques négatives ont mis le pays dans le gouffre. Les conditions matérielles d’existences des masses se sont aggravées, la production locale a régressé.
Pour comprendre la réalité socioéconomique et politique dégradante actuelle, il faut certainement remonter au coup d’Etat de 1991, qui a tué dans l’œuf le processus démocratique en Haïti. Ce coup d’Etat perpétré contre Jean Bertrand Aristide était un message radical envoyé aux masses, pour leur faire comprendre que le pouvoir ne se donne pas, mais se négocie, se vend et s’achète en Haïti. Les Américains n’avaient plus besoin de l’armée pour mettre hors d’état de nuire un président qu’ils jugent indésirable, c’est pourquoi qu’ils ont démantelé l’armée d’Haïti. Aristide ne pouvait pas endosser une telle responsabilité. Depuis les années 2000, c’est l’instabilité politique qui est devenue le mode opératoire de l’international et de la bourgeoisie haïtienne. Il leur suffit de mettre dans les postes électifs des hommes facilement manipulables, qui ont une ardoise à effacer pour asseoir leur domination. C’est un pays qui paie encore le prix fort de son indépendance. 30 ans après le coup d’Etat, l’obscurité plane encore sur Haïti. Les forces ténébreuses font encore obstacle au pays qui attend encore des Haïtiens patriotes pour allumer le flambeau de la délivrance.