Affaire Jovenel Moïse : FJKL, RNDDH, CARDH sceptiques sur le choix du juge instructeur, Mathieu Chanlatte

La désignation du juge Mathieu Chanlatte, réputé pour n’avoir jamais terminé ses investigations, devant instruire le dossier relatif à l’assassinat de Jovenel Moïse n’a pas laissé indifférentes des organisations de la société civile. C’est le cas de la Fondasyon Je Klere, du Réseau de Défense des Droits Humains et du Centre de Recherche et d’Analyse en Droits Humains qui doutent que le magistrat puisse conduire l’instruction de manière équitable.

« Nous pensons que le juge Mathieu Chanlatte est un Magistrat qui est réputé allié de Jovenel Moïse et du PHTK. Il est connu pour avoir abusé de son pouvoir en vue de faire plaisir au régime actuel », a réagi Me Samuel Madistin, l’un des responsables de la Fondasyon Je Klere, dans une entrevue accordée à Radio Kiskeya, tout en disant qu’il croyait que le doyen du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Bernard Saint-Vil, aurait pu faire choix d’un juge impartial pour mener l’affaire.

De son côté, le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains, Pierre Espérance, qui a abondé dans le même sens, dit être tombé des nues après avoir appris que le dossier a été confié au juge Chanlatte. Le défenseur des droits humains a tenu à rappeler que le juge a déjà servi d’instrument de persécution politique dans le dossier opposant la Sogener à l’État haïtien, alors qu’il a fermé les yeux sur le scandale de corruption lié à l’affaire Dermalog ayant éclaboussé Martine Moïse.

Toutefois, Pierre Espérance espère que le juge changera son fusil d’épaule afin de bien mener un dossier aussi sensible et que complexe.

Dans l’intervalle, le numéro un du CARDH, Me Gédéon Jean, qui croit que l’investigation du juge Chanlatte n’aboutira pas, a plaidé en faveur de la mise en place d’une commission internationale indépendante. Il estime que le magistrat pourrait se déporter du dossier à l’avenir en prétextant faire l’objet de menaces comme beaucoup d’autres professionnels du système judiciaire ayant travaillé sur ces types de dossier. Dans la foulée, il a évoqué la faiblesse des institutions et de certains textes de loi. Gédéon Jean a soutenu par ailleurs que le mandat des juges qui pourraient mieux traiter ce dossier en toute liberté n’a pas été renouvelé.

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