Affaire Jovenel Moïse: La démission d’Ariel Henry, une décision sans appel pour le bien de l’enquête

Tout homme politique qui se respecte, ayant le sens moral, de l’éthique et de responsabilité aurait à la place d’Ariel Henry démissionné de leur poste de premier ministre et se mettre à la disposition de la justice pour ne pas entraver l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse, survenu à Pèlerin 5 en sa résidence privée dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, après les révélations de son implication présumée dans le magnicide.

Les révélations faites par le RNDDH et dans les colonnes de New York Times sur les liens étroits que le premier ministre entretenait avec l’un des suspects clés de l’assassinat de Jovenel Moïse, Joseph Félix Badio (toujours en cavale), font du chef de la primature un suspect présumé, qui doit être entendu dans le cadre de l‘instruction du dossier. Au grand dam de la population haïtienne, Ariel Henry continue d’occuper ses fonctions, méprisant toutes les révélations faites à son encontre.

Le RNDDH a été le premier a révélé dans son premier rapport sur l’assassinat crapuleux de Jovenel Moïse, les appels téléphoniques entre Joseph Félix Badio et Ariel Henry le jour de l’assassinat. Le réseau national de défense des droits humains a même mentionné la durée des appels passés entre les deux hommes, avant et après le meurtre. Le New York times est allé beaucoup plus loin. Le journal américain présente le premier ministre comme complice et protecteur de Félix Badio. Ce dernier non seulement a été en contact avec le premier ministre de facto, mais lui a même rendu visite à plusieurs reprises alors qu’il est encore en cavale. Ce sont des révélations accablantes suffisantes pour inculper Ariel Henry pour complicité de meurtre, parce qu’apparemment, au lieu de prendre de la hauteur pour coopérer dans l’enquête en démissionnant de son poste pour se rendre à la justice, il préfère se cacher derrière son poste, vraisemblablement pour l’instrumentaliser.

Après les révélations chocs du journal américain et celles du RNDDH, dans tout pays où les institutions sont solides, où la société dispose de sa capacité de sanction, le premier ministre de facto aurait été obligé de démissionner pour les biens de l’enquête. Parce que la société est dans un sommeil profond, sans repères, atomisée, morcelée et bancale, parce que Jovenel Moïse était un président usurpateur (mandat expiré) avec qui le peuple a pris ses distances depuis le vote du budget criminel de sa première année de mandat, Ariel Henry se sent confortable dans son fauteuil et refuse de remettre sa démission. Le comportement affiché par le docteur face aux accusations dont il fait l’objet est pourtant « normal », parce que nous ne sommes pas dans un Etat de droit. L’échiquier politique en Haïti, est un repaire de bandits, un havre de paix pour les gangs et un asile pour les corrompus. Donc, premier ministre de facto étant dans les circonstances que l’on sait, Ariel Henry jouit du banditisme d’Etat. D’autant plus qu’il dispose d’un pouvoir sur l’institution judiciaire, qui lui permet de révoquer et de remplacer, n’importe quel fonctionnaire a sa guise. Certains en ont déjà fait les frais. Donc, ne vous attendez pas à un comportement responsable de la part d’Ariel Henry, le contraire nous aurait étonné.

Dans un cadre politique normal, un homme politique aussi haut placé, aurait déjà été entendu par la justice pour le bien de l’enquête. Il aurait déjà par ailleurs remis sa démission, s’il n’avait rien à se reprocher. Ce n’est pas tant le comportement d’Ariel Henry qui pose problème, c’est surtout le regard passif de la société haïtienne, qui n’a plus aucune capacité contraignante. En temps normal, la société haïtienne devrait exiger la démission du premier ministre de facto. Des appels à la démission, il y en a eu, Claude Joseph, Evans Paul (K-Plim) ont tous deux demandé au premier ministre de démissionner, mais ces derniers sont très mal placés pour le faire, parce que eux aussi à un certain moment de la durée se sont constitués en élément de blocage pour le pays. D’autant plus que, ce sont des premiers ministres « phtkistes » qui ne sont pas dignes de confiance. D’autres personnes responsables, ont aussi appelé Ariel Henry à rendre son tablier, sans succès. Aujourd’hui, c’est la société qui devrait comme un seul homme exiger sa démission, malheureusement elle n’a plus cette capacité. C’est une société qui ne s’indigne plus et qui se laisse faire.

Le New York Times qui a mené son enquête en Haïti, semble avoir en sa possession plusieurs révélations sur les personnes impliquées dans l’assassinat de Jovenel Moïse. A chaque arrestation, le journal choisit de publier des révélations qu’il juge nécessaires et appropriées à la personne concernée. Pour l’instant, Ariel Henry est épinglé, il semble être mouillé jusqu’au cou dans l’assassinat de l’ancien président de facto. Les relevés téléphoniques rendus publics par le RNDDH et les rencontres clandestines du chef de la primature avec Joseph Felix Badio mentionnées dans les colonnes du New York Times, sont amplement suffisantes pour inculper Ariel Henry pour complicité de meurtre, ils sont si accablants qu’il devrait déjà rendre sa démission. En tout cas ce n’est pas le commissaire du gouvernement actuel qui va demander à Ariel Henry de faciliter la tâche à la justice. Jovenel Moïse dans sa tombe, se dit peut-être qu’il n’obtiendra jamais justice parce qu’il a été livré par ses pairs, tués par ses amis, mais parce que surtout de son vivant et comme président de la République, il a préféré faire de la justice son marchepied au lieu de la renforcer et de la rendre indépendante. Aujourd’hui la balle est dans le camp d’Ariel Henry et personne ne sait l’issue de ce dossier.

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