Affaire Jovenel Moïse: Solages affirme avoir été piégé, Sanon accuse la police et clame son innocence !

James Solages et Christian Emmanuel Sanon, deux suspects clés dans l’assassinat de l’ancien president Jovenel Moïse, clament leur innocence et affirment ne pas connaitre le cerveau du crime. Dans une interview exclusive accordée à Miami Herald, Solages informe qu’il a été piégé par des « individus de haut rang » qui l’ont manipulé et utilisé comme bouclier. De son côté, M. Sanon accuse la police haïtienne d’avoir voulu le tuer lorsqu’elle est venue l’arrêter. Le médecin affirme n’avoir aucune idée de la personne qui a assassiné l’ex-Président, mais pense que “cela doit être des gens du gouvernement”.

Dans la première partie de l’article, Miami Herald a rapporté les propos de James Solages, ce citoyen haitiano-americain qui a apparu dans la vidéo prise à l’extérieur de la maison le soir de l’assassinat du président, où il se faisait passer pour un agent de la DEA. « This is a DEA operation”, lancait Solages, qui aujourd’hui tente de nier son implication dans l’assassinat de Jovenel Moïse. « Ils m’ont dit de répéter cette phrase », a justifié Solages lors de cette interview exclusive depuis l’intérieur de la prison en Haïti où il est détenu. Cependant, il a refusé de dire qui étaient ces gens qui lui ont dit de répéter cela.

Au micro du journal Floridien, l’homme de 35 ans a clamé une fois de plus son innocence, tout en accusant des personnes anonymes et « haut placées » qui l’ont utilisé. « Ils m’ont dit de venir. Je dois me rendre à une réunion. J’étais assis à mon hôtel pendant un très, très long moment. Je n’ai jamais, jamais eu l’occasion de savoir ce qui se passait jusqu’à ce qu’ils viennent me chercher… », a-t-il déclaré

James Solages indique qu’il a été piégé par des « individus de haut rang » qui l’ont utilisé comme bouclier et l’ont mis devant le monde entier pour le faire passer pour un criminel. « Vraiment, du plus profond de mon cœur, ils m’ont piégé. Et ceci de manière très professionnelle. J’ai la conscience tranquille, la conscience très tranquille que je n’ai pas fait ce dont ils m’accusent. »

Dans cette entrevue, Solages n’a pas voulu identifier la personne qui l’a appelé quelques heures avant l’assassinat. Mais des sources ont déclaré à Miami Herald que la personne au bout du fil cet après-midi-là était John Joël Joseph, l’ancien sénateur de l’Ouest, qui avait assisté à plusieurs réunions et a été en contact avec des chefs de gangs et d’autres personnes à la recherche d’armes – qui devaient être utilisées pour équiper d’anciens soldats colombiens, recrutés pour ce travail. “Mais ce qui a été discuté exactement lors de ces réunions pourrait être la clé de l’une des questions les plus déroutantes concernant le meurtre”, a écrit le journal.

Selon James Solages, la police haïtienne l’a gardé menotté pendant 29 jours avec un autre suspect avant de finalement les transférer à la prison. « Ils peuvent faire tout ce qu’ils ont envie de faire. Tout ce que je sais, c’est que j’ai été piégé, trahi, utilisé et manipulé à tort par ces individus de haut rang », a-t-il dit lors de l’interview.

Dans cet article, Miami Herald pose également la question : “Comment Solages, qui dirigeait une petite organisation caritative pour le compte de sa ville natale de Jacmel, s’est retrouvé au milieu d’un complot international et est devenu un suspect clé dans l’enquête américaine ?” Parallèlement, l’haitiano-americain affirme ne pouvoir rien dire sur Antonio Intriago, le responsable de la CTU, la compagnie chargée de recruter les mercenaires Colombiens. Durant cette entrevue, James Solages a insisté sur le fait qu’il est « un humaniste » qui n’a « jamais tué personne”. « Je suis un Américain fier et tout ce que j’ai construit est lié au rêve américain », a-t-il dit.

De son côté, Christian Emmanuel Sanon, un autre suspect clé dans cette affaire, a déclaré à Miami Herald qu’il avait été présenté à la compagnie CTU par Solages. Ses discussions avec la firme, a déclaré le pasteur, portaient sur la construction d’un hôpital et l’apport d’électricité et d’eau dans certaines régions d’Haïti. “Le recrutement des anciens soldats colombiens, selon Sanon, était l’idée d’Intriago et de son partenaire, Arcangel Pretel Ortiz, qui dirigeait la firme appelée Counter Terrorist Unit Federal Academy. À en croire M. Sanon, les deux hommes voulaient que les Colombiens « les aident à assurer la sécurité”.

L’haitiano-americain nie les informations selon lesquelles il a accompagné les Colombiens, lorsqu’ils se sont rendus au domicile du président la nuit de l’assassinat. L’homme de 63 ans a déclaré au journal, que c’était la première fois depuis environ deux mois, qu’il sortait à la lumière du jour. Souffrant de diabète et de problèmes cardiaques, Sanon a dormi à l’infirmerie de la prison, où il a dit avoir passé un mois à dormir sur le sol avant d’obtenir un matelas.

« C’est le pire endroit du monde. Il n’y a pas d’hygiène », a-t-il dit, accusant la police haïtienne d’avoir voulu le tuer lors de son arrestation le 9 juillet. Il affirme également qu’un commissaire du gouvernement lui avait demandé après son interpellation : « Pourquoi les policiers ne l’ont pas tué ? “Tu aurais dû être tué. C’est ce qu’a dit le commissaire”, rapporte Sanon.

Ce dernier indique qu’il n’a pas encore vu un juge depuis son incarcération. Le FBI, a-t-il dit, ne l’a interrogé qu’une seule fois. « Je suis innocent », a clamé Christian Emmanuel Sanon, affirmant ne pas connaître la personne ayant assassiné Jovenel Moïse. « Je n’en ai aucune idée. Cela doit être des gens du gouvernement », a-t-il répondu, tout en qualifiant d’absurdes et de bouleversantes les accusations portées contre lui.

Entretemps, les agences américaines qui mènent l’enquête parallèle sont restées très discretes, mais il est clair qu’ils sont en train de monter un dossier de conspiration de meurtre qui pourrait lier des suspects du sud de la Floride aux auteurs haïtiens. Selon Miami Herald, les autorités fédérales pourraient demander le transfert aux États-Unis de James Solages, Joseph Vincent et Christian Emmanuel Sanon, qui sont tous des haitiano-américains. Ces 3 suspects ont déclaré au journal, directement ou par l’intermédiaire de leurs avocats, qu’ils sont favorables à une telle démarche.

Rappelons que dans le cadre de cette enquête, 45 personnes sont actuellement en prison : 42 en Haïti dont 18 Colombiens, et 3 autres en Floride aux Etats-unis. Mario Antonio Palacios Palacios et Rodolphe Jaar, tous 2 inculpés officiellement, ont déjà plaidé non coupable. Le début du procès de Rodolphe Jaar est fixé pour le 18 juillet prochain.

Ces deux accusés risquent la prison à vie pour avoir comploté en vue de tuer le président haïtien et fournir un soutien matériel au projet. Pour sa part John Joël Joseph, troisième suspect clé dans le dossier, n’a pas été jusqu’ici inculpé par un grand jury fédéral. Le journal Miami Herald, pense que l’ex-Sénateur est en train de coopérer avec les autorités américaines.

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