Affaire Romel Bell : Ensemble contre la corruption (ECC) fait des « révélations explosives »
Ensemble contre la corruption (ECC) se félicite des avancées significatives révélées par l’Ordonnance de renvoi du Juge d’Instruction Jean Wilner Morin dans l’affaire Romel Bell et consorts. Cette ordonnance, émise le 8 mai 2024, représente un tournant crucial dans la lutte contre la corruption en Haïti et témoigne de l’efficacité d’une collaboration interinstitutionnelle renforcée.
ECC applaudit la collaboration exemplaire entre l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), le parquet et le juge d’instruction. Cette synergie a permis de mettre à jour des dysfonctionnements majeurs dans les déclarations de patrimoine de Romel Bell, alors directeur Général de l’administration générale des douanes.
L’enquête diligentée a révélé des irrégularités flagrantes, parmi lesquelles :
Déclaration tardive : Romel Bell a fait sa déclaration de patrimoine trois ans après sa prise de fonction, en violation directe de la loi exigeant une déclaration dans les 30 jours suivant l’entrée en fonction.
Omissions significatives : Bell n’a pas déclaré l’achat d’un véhicule à Dubaï pour 100 000 USD, la possession de la Radio Génération de la Ronde FM, ni plusieurs biens immobiliers.
Non-divulgation d’actifs : Bell n’a pas mentionné sa participation majoritaire dans A & L Distribution S.A., une entreprise dirigée par son épouse, Ana Dorvil Bell, et possédant trois stations à essence, dont seulement une a été déclarée.
Dépôts à termes non déclarés : Deux dépôts à termes importants, l’un de plus de 20 millions de gourdes et l’autre de 100 000 USD, n’ont pas été inclus dans sa déclaration.
L’ordonnance expose également des incohérences dans les finances de l’Organisation Renmen Timoun, dirigée par Ana Dorvil Bell. Malgré des comptes bancaires bien garnis, l’organisation n’a pas de locaux physiques. De plus, six transactions distinctes totalisant 94 000 USD ont été transférées à une école américaine accueillant les enfants du couple Bell.
Les déclarations de dons généreux par le prêtre Duckens Augustin ont été contestées. Augustin affirme n’avoir donné que 150 000 gourdes en espèces et en nature, loin des 30 000 USD déclarés par Ana Dorvil Bell.
ECC insiste sur l’importance des pouvoirs conférés par les lois de 2014 sur la corruption et le blanchiment des avoirs. ECC déplore que Romel Bell n’ait pas été auditionné et exhorte les juges d’instruction à utiliser pleinement leurs prérogatives au-delà des enquêtes préliminaires menées par l’ULCC.
Ensemble contre la corruption (ECC) recommande de renforcer le rôle de l’ULCC en lui accordant des pouvoirs étendus, similaires à ceux d’un Parquet Financier National Anti-Corruption. Ce changement simplifierait les procédures institutionnelles, améliorerait l’expertise en détection de crimes financiers et permettrait des économies budgétaires.
ECC est convaincu que les éléments fournis par le magistrat instructeur et l’ULCC suffisent pour organiser un procès équitable. Les accusations de blanchiment des avoirs, financement du terrorisme, fausse déclaration de patrimoine, enrichissement illicite et association de malfaiteurs doivent être rigoureusement examinées. ECC continuera à surveiller de près ce dossier crucial et attend avec impatience la mise en œuvre de l’ordonnance et la tenue du procès.
Le Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince est désormais chargé de donner suite à cette affaire pour garantir la défense des intérêts de l’État haïtien. ECC réaffirme son engagement indéfectible à lutter contre la corruption et à veiller à ce que justice soit rendue.