« Ariel n’a pas de légitimité pour organiser les élections », écrivent 7 membres du Congrès Américain à Joe Biden

Sept membres du Congrès ont appelé le Président américain à retirer son soutien au Premier Ministre haïtien Ariel Henry. Dans une correspondance envoyée, jeudi 17 mars 2022, à Joe Biden, ces parlementaires affirment que l’actuel Chef du gouvernement souffre d’un déficit de légitimité, et ne peut pas organiser les élections nécessaires afin de résoudre la crise politique haïtienne. Selon eux, la tenue du scrutin est impossible pour l’instant, en raison du climat d’insécurité qui prévaut en Haïti.

Dans cette correspondance de 3 pages dont dispose HIP, ces membres du Congrès américain ne sont pas trop cléments à l’égard du Premier ministre Ariel Henry. Ces congressmen ont d’abord exprimé leurs préoccupations face à la crise politique actuelle en Haïti, exhortant au passage l’administration Biden-Harris à permettre au peuple haïtien de déterminer son propre destin. Pour eux, il est important que les Etats-Unis soutiennent le consensus entre les acteurs politiques, la société civile, les secteurs religieux et privés pour créer une transition démocratique dirigée par la société civile haïtienne.

Dans cette lettre, le message de ces parlementaires est clair : « pas d’élections dans ce contexte d’insécurité, mais aussi et surtout, pas de scrutin avec Ariel Henry en tant que Chef du gouvernement ». « En raison de l’ampleur des défis de l’insécurité en Haïti, il est impossible d’organiser des élections dans ce climat », écrivent-ils à Joe Biden. Selon eux, « la tenue du scrutin dans un climat où les citoyens ont peur de quitter leur domicile par crainte d’être kidnappés ou tués compromettrait gravement le processus électoral ».

Les parlementaires exhortent l’administration américaine à donner la priorité à la paix, à la sûreté et à la sécurité en Haïti. Ces membres du congrès sont convaincus que « les élections sont nécessaires, mais pas suffisantes pour apporter la stabilité dans le pays si les conditions optimales ne sont pas réunies et si le consensus entre les différents secteurs n’a pas été atteint ».

« Nous pensons qu’il existe une voie vers une transition démocratique en Haïti, soutenue par le peuple haïtien. Cependant, toute mesure prise pour mener à une telle transition a des chances limitées de succès si les États-Unis continuent à soutenir le gouvernement de facto du Dr. Ariel Henry, qui n’a aucun intérêt à négocier de bonne foi… », ont-ils déclaré dans la correspondance.

Pour ces membres du congrès américain, le soutien de l’administration Biden au Dr Henry semble contradictoire avec son propre objectif qui est de ne pas pencher la balance de la politique haïtienne. « Le Dr Henry n’a pas la légitimité pour organiser des élections et n’a pas le consensus nécessaire pour galvaniser le peuple haïtien aux urnes. La légitimité du Dr Henry vient de la communauté internationale, pas du peuple haïtien », poursuivent-ils.

Ils disent espérer que l’actuelle administration prendra des mesures significatives pour s’engager de manière substantielle avec les membres de société civile haïtienne, du secteur privé et d’organisations politiques, pour offrir une voie plus représentative et inclusive. L’objectif selon eux, c’est de « conduire Haïti vers la direction d’une démocratie durable ».

Parallèlement, les 7 parlementaires Américains ont exprimé leurs profondes préoccupations par le fait que, sous le gouvernement d’Ariel Henry, l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, n’a guère progressé, et que les personnes qui enquêtent sur cette affaire en Haïti ont fait l’objet de menaces et d’intimidations. Ces congressmen pensent qu’il est crucial que les auteurs intellectuels et les personnes directement impliquées dans l’assassinat du président Moïse soient tenus pour responsables afin de faire la lumière sur ce dossier.

« En tant que membres du Congrès, nous demandons instamment à votre administration de prendre les mesures nécessaires pour nous tenir informés de l’enquête et d’examiner et de divulguer de manière approfondie tout rôle que des citoyens ou des organisations américaines auraient pu jouer dans l’assassinat, y compris tout individu ayant déjà travaillé comme informateur pour les États-Unis », écrivent-ils.

En janvier dernier, le Congrès américain avait, à travers une loi, ordonné une enquête autour de l’assassinat de l’ancien Chef de l’Etat. La loi avait donné trois mois au département d’État – c’est-a-dire en Avril prochain, pour produire un rapport censé fournir une «description détaillée» des circonstances autour de cet assassinat. Ce rapport doit aussi examiner s’il y a eu une quelconque ingérence dans l’enquête officielle sur le meurtre du président et si l’un de ses auteurs a pu être employé par le gouvernement américain par le passé.

Et pour clore cette correspondance, les parlementaires demandent humblement à l’administration Américaine de permettre au peuple haïtien de déterminer son propre destin politique. Tout en demandant au President Biden de retirer son soutien au gouvernement de facto d’Ariel Henry, ils invitent les Etats-unis à aider les acteurs impliqués dans l’enquête sur l’assassinat de l’ex-President haitien, à la résolution de l’insécurité et d’autres défis institutionnels.

« Les américains doivent soutenir des élections libres, équitables, transparentes et inclusives en Haïti, seulement si les conditions politiques et de sécurité le permettent », rappellent ces congressmen, soulignant que les politiques émanant de Washington doivent être conformes à la volonté du peuple haïtien, aux idéaux démocratiques et à l’État de droit.

Les 7 membres du congrès déclarent qu’il ne fait aucun doute que : « certains aspects de la politique américaine à l’égard d’Haïti ont miné le développement, la paix et la sécurité du pays ». Ils appellent l’administration Biden-Harris à saisir la possibilité de réparer les erreurs du passé et de soutenir le peuple haïtien, afin de mettre Haïti sur la voie d’une véritable démocratie.

Au bas de cette correspondance qui a été également envoyée en copie au Secrétaire d’Etat Américain, Antony Blinken, 8 noms ont été remarqués. La signature manquante est celle du Démocrate Dwight Evans, il est l’élu du troisième District de l’Etat de Pennsylvanie, à la Chambre des Représentants.

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