Assassinat de Jovenel Moïse : Windelle Coq-Thélot citée par la compagnie ayant engagée les Colombiens

« L’ancienne juge a la Cour de cassation, Windelle Coq Thélot, serait à la base de l’assassinat de l’ex-Président Jovenel Moïse ». C’est ce qu’a révélé le propriétaire de la compagnie CTU Security, ayant recruté les Colombiens arrêtés dans le cadre de ce dossier. Dans un article paru hier Jeudi 5 Août dans le média américain « Wall Street Journal », 3 avocats représentant le responsable de cette compagnie de sécurité, précisent que les suspects avaient accompagné la police haïtienne dans le cadre de l’exécution d’un mandat d’amener contre l’ancien Chef de l’Etat haïtien. Dans une déclaration rapportée par le journal américain, le patron de la CTU Security, Antonio Intriago, souligne que la mission des Colombiens n’était pas d’assassiner Jovenel Moïse, mais de l’arrêter.

C’est une nouvelle accusation. Une révélation choc. Après plusieurs semaines de silence, la compagnie de sécurité basée à Miami, dans le Sud de la Floride, donne sa version des faits. Dans cet article de Wall Street Journal, Antonio Intriago, propriétaire de cette société, a déclaré que les mercenaires se sont rendus dans la résidence privée de l’ancien Président, dans le but uniquement d’accompagner la police haïtienne, qui, souligne-t-il, exécutait un mandat d’arrêt émis contre Jovenel Moïse.

Dans une déclaration publiée mercredi dernier, les avocats représentant M. Intriago, ont confirmé que Jovenel Moïse était mort, lorsque les Colombiens sont arrivés, faisant écho au témoignage de certains des soldats. « Nous sommes convaincus que les propres gardes du corps du président l’ont trahi », ont écrit les avocats.

Selon le journal américain, la déclaration des avocats était accompagnée de près de 40 pages de correspondance privée, de contrats et d’un « protocole d’accord ». Ce protocole, informent les hommes de loi, vise à remplacer M. Moïse par un prédicateur, considéré comme un inconnu. Il était prévu également dans ce document, un mandat d’arrêt contre le Chef de l’Etat.

Selon la déclaration des avocats, la mission initiale des tireurs colombiens était d’assurer la sécurité de certaines centrales solaires et d’autres projets dans la ville de Jacmel, dans le sud d’Haïti. La déclaration indique que le propriétaire de la compagnie CTU Security, a été approchée par Christian Emmanuel Sanon, un haïtiano-américain, qui, à un moment donné, avait l’intention de diriger un gouvernement provisoire, pour remplacer celui dirigé par M. Moïse.

Selon le communiqué, Antonio Intriago croyait que les Colombiens n’étaient pas armés et attendaient toujours les autorisations d’armes à feu auprès de la police haïtienne. « Le plan allait changer. La mission consistait désormais à accompagner la PNH dans l’arrestation du président », a précisé le communiqué. Selon ces avocats, il a été demandé à l’équipe de sécurité d’accompagner un juge qui devait être aux côtés de la police haïtienne, pendant que le mandat d’arrêt serait délivré au Président Moïse.

Une copie du mandat, signé par le juge Jean Roger Noelcius et daté du 18 février 2019, a été fournie à M. Intriago à sa demande. « La juge Windelle Coq-Thelot, magistrate de la Cour de cassation, souhaitait que M. Intriago l’aide à exécuter le mandat d’arrêt », selon la déclaration des hommes de loi. Mais dans sa lettre à M. Intriago, soulignent les avocats, Mme Coq-Thelot s’est présentée comme une juge active et a fait valoir que M. Moïse avait dépassé la durée de son mandat de 5 ans et était en train de devenir un dictateur.

« Par la présente, je demande expressément que votre entreprise, que ses membres assistent nos autorités constitutionnelles, en particulier moi-même et en général le peuple haïtien afin de protéger la démocratie », a écrit la juge, dans la lettre adressée à M. Intriago de la CTU Security, document qui a été publiée par ses avocats.

« Je ratifie, en ma qualité de Magistrat, en ma qualité de fonctionnaire à vie et que je représente le peuple, et protégé par les actions d’un Juge et d’un Procureur, par le mérite qui nous est donné par la Constitution, la Loi et la Raison que nous donnons et donnerons l’immunité, la protection et la sécurité à leurs actions en notre faveur », poursuit Windelle Coq-Thelot dans sa lettre, rapportent les avocats.

A en croire, les défenseurs du propriétaire de la compagnie de sécurité, le gouvernement américain était au courant de ce plan. « Après que M. Sanon, le prédicateur basé en Floride, lui a proposé d’assurer la sécurité du projet solaire, M. Intriago a demandé à un associé « d’appeler des personnes du gouvernement américain pour obtenir l’assurance que les transactions étaient légitimes », ont-ils précisé dans la déclaration.

Le journal américain a rapporté que Antonio Intriago, le responsable de CTU, mettait en doute la légalité de la fourniture de services de sécurité au Dr Sanon. Pour M. Intriago qui affirme avoir des contacts auprès du FBI, le gouvernement des États-Unis savait exactement ce qui se passait en Haïti.

Dans son article, Wall Street Journal souligne que la déclaration n’a pas précisé , quand est ce que le plan est passé de « fourniture d’un service de sécurité pour un projet de panneaux solaires, à l’arrestation d’un président en exercice ».

Notons que l’ancienne Juge à la Cour de cassation, Windelle Coq-Thelot est actuellement recherchée par la police, dans le cadre de l’enquête policière et judiciaire. Son nom a été cité par les suspects arrêtés. En février dernier, Mme Coq-Thelot et deux autres juges ont été déjà accusés dans ce que le gouvernement appelait « une tentative de coup d’Etat », qu’il avait d’ailleurs déjouée.

Cette sortie de la compagnie CTU Security, accusé dans le complot ayant abouti a l’assassinat de l’ex-President, laisse perplexe certains haïtiens qui suivent de très près l’enquête. Des citoyens avisés y voient une sorte d’incohérence dans cette déclaration, tenant compte des explications fournies récemment par l’ancienne Première Dame Martine Moïse. Le flou persiste, la confusion grandit autour d’une affaire qui semble loin d’être éclaircie. Entretemps des personnes arrêtées dont Dimitri Herard, Chef de l’USGPN, ont été transférées au pénitencier national. Le dossier est actuellement au Cabinet d’instruction, pour des enquêtes beaucoup plus approfondies.

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