Assassinat de policiers : Pierre Espérance encourage une prise de conscience collective contre un « État gangstérisé »
De 2018 à nos jours, annuellement, une quarantaine de policiers sont assassinés en Haïti par des gangs. Une donnée imputable à l’inaction des autorités étatiques, à la banalisation du crime instaurée par des éléments de l’élite politique, dénonce le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Espérance.
D’emblée, le numéro un du RNDDH applaudit le processus de certification des magistrats initié par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) visant à redorer l’image d’un système judiciaire ternie par la présence de juges à la moralité douteuse et corrompus. Néanmoins, s’imposent d’autres initatives indispensables à rompre ce cycle honteux et indigne de l’impunité.
Des acteurs de la chaîne pénale qui s’opposent à la manifestation réelle de la justice contre les coupables de crime, mettent à mal le travail de la police. Des juges, des commissaires du gouvernement qui élargissent, sans aucune forme de procès, des accusés de blanchiment d’agent, des fautifs de crimes financiers, participent dans le renforcement du règne de l’impunité, considère Pierre Espérance.
Le défenseur des droits humains évoque des dossiers à scandale de kidnappeurs, d’hommes à col blanc qui bénéficient de la complaisance des autorités judiciaires ; un gage à la pérénnisation de la corruption, au démantèlement de l’appareil judiciaire, soutient-il.
Fort de ce constat, le responsable du RNDDH appelle à une prise conscience collective afin de renverser la tendance. Il encourage la population à accompagner l’institution policière dans l’objectif d’identifier les « gangs à cravate » et les écarter des strutures de l’État. L’insécurité inacceptable qui prévaut dans le pays est la conséquence d’un système judiciaire corrompu et du comportement indécent de policiers ripoux. En ce sens, il prône un vetting au sein de la Police Nationale d’Haïti afin de séparer les bons grains de l’ivraie.
Doter l’institution policière de moyens adéquats, freiner le gaspillage des ressources de l’État, redynamiser le système de renseignements de la PNH et d’autres mesures fermes devront aboutir à des résultats contre le grand banditisme et la criminalité. Pierre Espérance plaide en faveur des sanctions contre des figures politiques, signataires de l’Accord du 21 septembre 2021, qui financent des gangs. Des membres du cabinet gouvernemental de facto, des proches du premier ministre Ariel Henry aspirant à des postes électifs, œuvrent pour maintenir le statu quo, soutiennent la violence armée, selon Pierre Espérance.