Avec « Ochan pou Gouyad », Johanne Elima brise les barrières morales

Johanne Elima connue sous le sobriquet de Célimène Bastia sur les réseaux sociaux signe ce 2 novembre son premier recueil de poèmes « Ochan pou Gouyad » paru sous le label des Éditions Couleurs d’encre. Un titre osé pour choquer les puritains et les bousculer un peu, selon l’auteur, qui confie avoir choisi délibérément ce titre provocateur.

Johanne Elima qui avoue avoir décidé de risquer une parole avec « Ochan pou Gouyad » qui est marqué par un érotisme ambiant précise que son écriture avait toujours été centrée sur d’autres thèmes comme l’injustice sociale, le féminisme, l’enfance. « J’ai écrit des textes où l’érotisme était présent sans être le pivot du récit, mais je ne saurais dire que je suis scotchée au thème. Avec « Ochan pou gouyad » c’est une incartade 100% érotique que j’ai osée », a-t-elle fait remarquer.

Johanne Elima souligne que sa démarche s’inscrit dans une sorte de libération de la parole alors qu’elle estime qu’en Haïti nous copulons mais en parler reste encore tabou. « Nous sommes d’une pudeur presque ridicule quand il s’agit de parler de sexe, même dans le cadre de l’éducation sexuelle », a-t-elle soutenu. «Ochan pou Gouyad» est un poème interdit dans le sens où il est empreinte tantôt de sensualité tantôt de masochisme.

« Pa menaje m cheri
Tape m,
Mòde m,
Niche m
Peze m
Fè m santi m prale
Lè m ap vini »

« Je veux dire aux femmes qu’elles n’ont pas à investir les espaces d’expression seulement pour parler de sexe vanille, qu’elles peuvent parler de sexe pur et dur, de désirs, de fantasmes, de leurs corps et surtout parler de tout cela et du corps de l’autre sans en faire un homme-objet », soutient-elle tout en précisant que l’érotisme est loin d’être son thème de prédilection.

« Tache bouch ou sou choublak
Rale sik
Pa wete l
Toutan eko vwa m
Pa reveye klòch katedral »

Avec « Ochan pou Gouyad » Johanne Elima s’affirme et franchit les barrières morales de cette société où parler de sexe reste encore un casse-tête chinois surtout quand on est une femme. « C’est aussi une démarche qui prône la beauté du sexe, la force de l’empreinte des plaisirs partagés lorsque cela se passe entre adultes consentants », a-t-elle fait savoir.

Johanne Elima a réussi à marier son objectif de libérer la parole avec aisance et habileté dans son art poétique. « Ochan pou Gouyad » est d’une légèreté qui fait corps avec la profondeur des images faites de certaines expressions de tous les jours.

Joubert Joseph / HIP

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