Avis de recherche contre un cadre du RNDDH: Persécution politique ou recours légal ?
L’Unité de Lutte contre la Corruption hausse le ton en émettant un avis de recherche contre l’administratrice du Réseau national de Défense des Droits humains, Marie Gesly Damas Jean-Pierre, sur la base de refus de répondre à deux convocations. Sur ce sujet, des considérations controversées ont multiplié.
Les faits, selon l’organisation militante pour le respect des droits humains, remontent au 29 novembre 2016, période au cours de laquelle l’organisation avait reçu une subvention du Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement sous l’administration provisoire de Jocelerme Privert. En réaction, le RNDDH, dans une note, crie à l’intimidation et à la persécution politique et entend attaquer le tribunal administratif.
‘’Nous avons posé une action en destitution contre l’ULCC. Au regard de l’article 85 du code pénal et de l’article 27 de la Constitution, un acte en destitution contre le directeur général de l’institution Rockefeller Vincent pour acte attentatoire’’, a déclaré Fanfan Guérilus, avocat du RNDDH.
De surcroit, l’organisme de défense des droits humains entend apporter certaines précisions en ce qui a trait à l’utilisation de ce fonds du trésor public. Conformément à la communication, le RNDDH apporte des explications sur l’utilisation de ces fonds.
‘’Le RNDDH estime devoir souligner que les activités qui ont été partiellement financées par le BMPAD concernent l’observation électorale. Les rapports narratifs et financiers relatifs à ce financement ont été acheminés au BMPAD, le 27 avril 2017. Tous ces documents ont été transférés à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CS/CCA) en date du 27 août 2018, après l’audit institutionnel et financier du RNDDH’’, a souligné la note.
En outre, l’administration du RNDDH, a fait un rappel sur le passé troublant de l’actuel patron de l’ULCC au moment où il occupait le poste de commissaire du gouvernement du Cap-Haitien.
« Maître Rockfeller VINCENT, ancien commissaire du gouvernement près le Tribunal de Première Instance du Cap-Haïtien, a été indexé en 2006 dans un éclaboussant scandale de libération de grands criminels à qui on reprochait des faits de viols, d’assassinats et d’enlèvements suivis de séquestration contre rançon » rappelle le RNDDH.
Le 21 septembre 2017, il a été révoqué de l’appareil judiciaire pour absence de performance’’, a évoqué le communiqué.
Par ces considérations, les dirigeants du RNDDH estime incompétente l’Unité Lutte contre la Corruption d’émettre un avis de recherche contre son administratrice.
Selon le Décret du 8 septembre 2004 portant création de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), le directeur général fait partie, avec le directeur des opérations et le directeur administratif et financier, du Conseil de direction de l’ULCC. À ce titre et selon l’article 7 dudit décret, il a pour tâche, entre autres, de « saisir les autorités judiciaires, à l’issue d’investigation sur des faits susceptibles de constituer des infractions de corruption, en vue d’entamer les poursuites légales et en assurer le suivi’’, défend Marie Rosy Kesner Auguste Ducéna, responsable de programme au RNDDH.
Des avisés se questionnent sur l’économie de cet avis de recherche visant un organe indépendant vigile du secteur. Qu’est-ce qui explique cet acharnement contre le RNDDH ? À quand des enquêtes sur d’autres instances où la corruption se normalise, alors les autorités judiciaires se font encore aveugles ?, s’interrogent des citoyens.
Hervé Noel / HIP