Cellules de rétention transformées en prisons : Face à la surpopulation, le RNDDH s’alarme

Le Réseau National de Défense des Droits Humains se dit préoccupé du fait que plusieurs commissariats et sous-commissariats du département de l’Ouest soient en proie à une surpopulation dans leurs cellules de rétention. L’organisme de droits humains tire la sonnette d’alarme et exige une intervention immédiate de l’appareil judiciaire pour les détenus de six de ces centres de détention.

Le RNDDH dit avoir visité une dizaine de postes de police dans le département de l’Ouest, dépendant respectivement des juridictions de première instance de Port-au-Prince et de la Croix-des-Bouquets. Les commissariats de
Pétion-ville, Port-au-Prince, Delmas 33, Tabarre, Pointe-à-Raquette et Anse-à-galets et  les sous-commissariats de Cazeau, Delmas 3 et Carrefour Cesselesse (Lilavois 48) ainsi que le poste de police de Gérald Bataille. Le Réseau National de Défense des Droits Humains a constaté que la situation des personnes retenues dans six de ces commissariats et sous-commissariats est très préoccupante et mérite une intervention urgente des autorités judiciaires.

Il s’agit des commissariats de Port-au-Prince, de Tabarre, de Pointe-à-Raquette, de Delmas 33, d’Anse-à-galets et le sous-commissariat de Cazeau. Les cellules des ces postes de police n’ont pas été construites ou aménagées en vue de garder des personnes sur une longue période. Véritables nids à microbes, elles ne sont ni aérées, ni éclairées, ni ensoleillées. De plus, les retenus pour la plupart, n’ont aucune visite depuis leur arrestation et ne reçoivent donc ni nourriture, ni eau de leurs parents. L’odeur alentour de ces centres est nauséabonde, les salles de bain adjacentes aux cellules sont sales en raison notamment du fait qu’elles sont utilisées comme décharges de détritus.

« Le commissariat de Port-au-Prince affichait, en date du 23 mai 2023, un effectif de 92 personnes dont 38 femmes et 54 hommes. Ils sont tous gardés dans deux petites cellules de rétention ayant chacune une capacité maximale de dix 10 personnes, sans tenir compte des normes internationales en matière de privation de liberté, qui exigent un minimum de 2m250 de surface au sol par personne », a rapporté le RNDDH.

« Au commissariat de Tabarre, pour pallier le manque d’espace, certains retenus ont amarré des draps dans les barrières des cellules, en forme d’hamac pour pouvoir se coucher. D’autres s’agrippent chaque soir dans les barrières des cellules et s’y maintiennent à l’aide de couvertures, pour pouvoir dormir. Ils prennent un bain par jour et sont constamment enfermés dans leurs cellules qui dégagent une  mauvaise odeur aggravée par la chaleur. Ils n’ont pas facilement accès aux commodités qui sont éloignées et doivent conséquemment, utiliser des gallons pour uriner et des plats en polystyrène expansé, pour déféquer », poursuit l’organisme de droits humains.

« Le 23 novembre 2022, une retenue enceinte de 8 mois, arrêtée en septembre 2022, a eu un malaise au sein même du commissariat. Conduite d’urgence à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), elle a été référée à un hôpital privé, pour des examens plus approfondis. Ces derniers ont révélé que le bébé qu’elle portait était mort et que la vie de la mère était en danger. Pour faire face aux frais engendrés par ces examens et les soins subséquents, des membres de la famille de la retenue ainsi que certains policiers ont collecté les fonds nécessaires. Elle se trouve toujours au commissariat de Port-au-Prince, sur ordre du magistrat Harry Jean. Arrêtée le 8 janvier 2023 à Laboule, une autre retenue, aujourd’hui enceinte de 6 mois, n’a, depuis son arrestation, été auscultée. Le 18 janvier 2023, elle a été conduite au Parquet près le Tribunal de première instance de Port-au-Prince mais n’a pas été auditionnée. Le même jour, elle a été emmenée au commissariat de Port-au-Prince. Elle ne reçoit aucune visite de ses parents », déplore le Réseau National de Défense des Droits Humains dans son rapport de 5 pages.

En guise de conclusion, le Réseau National de Défense des Droits Humains croit que la situation qui prévaut dans ces commissariats et sous-commissariats causent d’énormes préjudices aux personnes qui y sont retenues. Il regrette que ces personnes soient gardées dans des conditions inhumaines, dégradantes, dans des centres de rétention sales, exigus et nauséeux, convertis en prison, en dépit du fait qu’ils n’aient été ni construits, ni aménagés à cette fin. Rappelant que les gardes-à-vues ont été conçues pour garder pendant 48 heures au plus, en ce sens le RNDDH invite les autorités des juridictions de première instance de Port-au-Prince et de Croix-des-Bouquets, à tout mettre en œuvre en vue de régulariser la situation dans les commissariats et sous-commissariats précités.

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