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CEP : « Kay Fanm », « DIFE » dénoncent des tractations politiques qui sapent la crédibilité du processus

Le processus de désignation d’une représentante des organisations de défense des droits des femmes au sein du Conseil électoral provisoire (CEP) est au cœur d’une controverse qui secoue la société civile haïtienne. Dans une lettre ouverte adressée au Conseil présidentiel de transition (CPT), le comité coordonné par l’organisation Kay Fanm, désigné pour reprendre le processus de désignation, dénonce des tractations visant à dénaturer le processus démocratique.

En août 2024, à la demande expresse du CPT, Kay Fanm a été mandatée pour reprendre un processus de désignation déjà entamé en juillet par Dialogue inter femmes (DIFE). Ce processus antérieur, qui avait proposé les noms de Mme Yves Marie Édouard et Mme Josette Macillon, a été officiellement invalidé par le CPT. En réponse, Kay Fanm a conduit une démarche inclusive et transparente, en collaboration avec plusieurs autres organisations de défense des droits des femmes, dont certaines avaient participé au processus de juillet. Le 26 août, les élections ont eu lieu et un rapport formel a été soumis au CPT, sans qu’aucun retour ou contestation officielle ne soit émis par cette instance.

Cependant, à la surprise du comité, des allégations de blocage ont commencé à émerger, appuyées par un rapport du conseiller observateur Frinel Joseph, qui mentionnait des contestations émanant principalement de DIFE, la structure dont le processus avait été décrié et rejeté par le CPT lui-même. Cette situation a entraîné un climat de méfiance et a conduit Kay Fanm à solliciter une rencontre avec le CPT pour clarifier les faits, sans réponse concrète de l’instance.

Le 17 septembre, le CPT a informé Kay Fanm qu’il revenait au secteur de procéder au choix final entre Mme Yves Marie Édouard et Mme Marie Rebecca Guillaume, excluant de fait les résultats de la reprise du processus dirigé par Kay Fanm. Cette décision a été perçue comme une manœuvre politicienne visant à invalider un processus pourtant validé et soutenu par plusieurs organisations de renom.

De manière informelle, le CPT a par la suite convoqué Kay Fanm à une réunion à la dernière minute, laissant peu de marge de manœuvre pour une participation sérieuse. Ces pratiques, combinées aux rencontres informelles tenues avec certaines organisations, soulèvent de nombreuses questions quant à la volonté du CPT de respecter la transparence et la légitimité du processus de désignation.

Le comité coordonné par Kay Fanm voit dans ces démarches du CPT une tentative de soustraire l’instance à ses responsabilités devant la nation. En prétendant qu’il existe deux processus parallèles, le CPT cherche à justifier des tractations politiciennes visant à contourner la volonté des organisations de femmes. Selon Kay Fanm, cela envoie un message alarmant à la population sur l’importance des processus électoraux, où les résultats sont désormais soumis à des négociations obscures plutôt qu’à un scrutin crédible.

Le comité rappelle qu’il a rempli sa mission avec rigueur et impartialité, et que le processus organisé en août était conforme aux attentes. Il revient maintenant au CPT d’assumer ses choix en faveur de tractations plutôt que du respect des résultats.

Cette situation met en danger la fragilité des institutions en Haïti et la difficulté pour les organisations de défense des droits de faire respecter des processus démocratiques dans un contexte où les manœuvres politiques prennent souvent le pas sur les décisions transparentes.

Le secteur des droits des femmes, représenté par des organisations comme Kay Fanm, reste résolument engagé dans la défense de ses principes et appelle le CPT à reconsidérer ses actions pour garantir un processus électoral digne et crédible.

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