Condamnation des responsables de l’assassinat de Jovenel Moïse : une restitution de 6,2 millions US pour Martine et Joverlein
Une demi-douzaine d’hommes condamnés pour leur implication dans le complot visant à assassiner le président haïtien Jovenel Moïse ont été ordonnés de verser 6,2 millions de dollars à sa veuve, Martine Moïse, et à son fils aîné, Joverlein Moïse. Cette décision a été prise par un juge fédéral à Miami dans le cadre d’une ordonnance de restitution.
Le 7 juillet 2021, Jovenel Moïse a été abattu d’une douzaine de balles lors d’une attaque nocturne dans sa résidence située dans les collines au-dessus de Port-au-Prince. Martine Moïse, qui a survécu à l’attaque malgré de graves blessures, a été évacuée d’urgence à l’hôpital Jackson Memorial de Miami pour y recevoir des soins. Suite à de longues négociations, le juge de district Jose Martinez a accordé à Martine Moïse une restitution de 5 305 387 dollars pour couvrir ses frais médicaux, ses déplacements et la sécurité qu’elle a dû engager à son retour en Haïti dix jours après l’attentat. Cette somme a été convenue conjointement par les procureurs fédéraux et les avocats de la défense.
Toutefois, les blessures de Martine Moïse ont été l’objet de controverses en Haïti. Bien qu’elle affirme avoir été touchée au bras, ses déclarations ont été remises en question dans le pays, où elle a été inculpée en début d’année pour le meurtre de son mari, en même temps que 50 autres personnes, parmi lesquelles certaines étaient des proches de Jovenel Moïse.
Le fils aîné du défunt président, Joverlein Moïse, résidant au Québec, a quant à lui reçu 865 396 dollars. Les raisons de cette indemnisation ne sont pas explicitement mentionnées dans l’ordonnance, d’autant plus qu’il n’était pas présent au moment de l’assassinat. Joverlein Moïse a néanmoins déposé une requête pour se joindre à l’enquête en Haïti, espérant obtenir des dommages-intérêts en tant que partie lésée par ce crime.
Il demeure incertain combien de cette restitution seront effectivement versés à Martine et Joverlein Moïse, étant donné que parmi les six condamnés, seul un possède des biens identifiés. Ironiquement, tandis que la justice américaine considère Martine Moïse comme une victime, les autorités haïtiennes l’accusent de complicité dans le complot. Son avocat en Floride, Paul Turner, qualifie ces accusations de « non-sens » et de « politiquement motivées », affirmant qu’elle n’avait aucune connaissance préalable de l’assassinat de son mari.
Cette affaire complexe reflète les tensions et les incertitudes entourant l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse, ainsi que les difficultés de rendre justice dans un contexte marqué par des allégations de corruption et de manipulation politique.