Constitution de 1987 : « 36 ans de rendez-vous manqués », juge Jerry Tardieu
À l’heure du bilan de l’application de la Constitution de 1987, l’ancien député Jerry Tardieu évoque une transition longue et pénible ayant conduit Haïti vers le chaos. L’ex-parlementaire de la 50ème Législature résume le 36ème anniversaire de la Constitution en des coups d’État, des épisodes de violence, des scènes de chaos et de rendez-vous manqués qui ont jalonné l’histoire du pays.
Ancien Président de la Commission spéciale sur l’amendement de la Constitution, mise en place par le Président Jovenel Moïse de son vivant, Jerry Tardieu se dit interpellé par le grand drame haïtien et le débat porté sur le changement de la Constitution. Pour lui, le Premier ministre de facto, le Dr Ariel Henry, obstiné par le désir de modifier la Constitution de 1987, est inapte à conduire un tel projet.
À l’occasion du 36ème anniversaire de l’application de la Constitution du 29 mars 1987, l’ancien parlementaire de la Plateforme « Vérité » qui intervenait, mercredi sur les ondes de Radio Kiskeya, insiste sur les voies tracées par la loi lorsqu’il est question de modifier la Constitution. Depuis janvier 2020, la République nage dans l’inconstitutionnalité. L’échéance constitutionnelle de janvier 2020 retenue pour l’organisation des élections devant renouveler le Parlement a pavé la voie à un désert constitutionnel vécu aujourd’hui.
Le pouvoir de facto, sans mandat, sans feuille de route surfe sur la vague de l’illégalité et fonce le pays vers le précipice, analyse l’ancien parlementaire. À ce stade, aucun projet de modification de la Constitution ne peut tenir la route en raison du factuel haïtien et du manque de légitimité des dirigeants politiques.
Néanmoins, selon le dirigeant de « En Avant », s’impose un consensus politique inclusif pour combler les carences, les faiblesses et les lacunes. Il est impérieux d’adresser la gouvernance de l’État, le système électoral, l’insécurité, la Constitution pour engager certains changements, encourage Jerry Tardieu.
L’harmonisation du temps électoral et du temps constitutionnel relève d’une obligation. Au regard de la réalité, l’ancien député de Pétion-Ville décèle un flou dans le respect du mandat du prochain président à sortir des urnes. Pour lui, le quinquennat du prochain locataire du Palais national est déjà en cours. Cette thèse prend en compte les diverses interprétations, a-t-il nuancé.
D’autres défis à adresser concernent la ratification d’un Premier ministre considérée comme une gêne truffée de « deals politiques » avec des parlementaires. Dans ce cas, il préconise la possibilité d’installation automatique d’un Chef de gouvernement par le Président. Les conseils municipaux avec trois membres sont révélateurs de conflits constants. Un maire par commune évitera au pays moins de discorde.