Coronavirus: L’heure a sonné pour Haïti de prendre ses responsabilités

C’est un exercice assez difficile de porter un regard lucide sur sa propre réalité. Il faut du courage pour affronter ses vérités. Il est tellement plus facile de blâmer les autres pour nos erreurs. Pourtant, nous sommes les premiers responsables de nos malheurs.

Officiellement, le virus n’a pas encore touché le sol haïtien. Le gouvernement peut encore fermer ses frontières et interdire à certaines lignes aériennes l’accès à son territoire. C’est une question de sécurité nationale. Sinon, il sera trop tard après.

Après le séisme du 12 janvier 2010, la communauté internationale, dans un élan de solidarité, nous avait quand même soutenus. Même si les efforts fournis et les fonds qui ont été récoltés pour la reconstruction de mon pays ont été plus bénéfiques pour des entreprises et des agences nord-americaines, la communauté internationale était quand même présente.

Lors de l’épidémie du Choléra, dont la bacille à été introduite dans mon pays par les agents des Nations Unies, probablement en quête d’une bonne conscience, même si le déni et les excuses tardives ont entaché leur bonne volonté, l’ONU était omniprésente en Haïti.

Aujourd’hui, face au Coronavirus, Haïti sera toute seule. Tous les autres pays sont aux abois. L’Italie est en quaranataine, les écoles, les crèches et les universités sont fermées en France, l’angoisse s’est emparée de l’Europe.

Trump a déclaré l’état d’urgence aux États-Unis, si cela continue, il sera obligé probablement d’envoyer la garde nationale dans les États qui sont touchés par le virus. Le monde est à l’arrêt. Il ne va pas se remuer le cul pour Haïti.

Ceci dit, nous devrions prendre nous-mêmes nos responsabilités. Avons-nous les moyens de nos politiques ? La réponse est non. Car, nous avons décidé que la santé, tout comme l’éducation et l’ensemble des services sociaux de base ne seront pas nos priorités. Depuis des années, les officiciels de mon pays ont décidé d’allouer la part la plus conséquente du budget national au Palais national et à la Primature.

Si le virus entre au pays, avant que l’on trouve un vaccin ailleurs, une fois de plus, nous remettrons notre salut entre les mains des autres, la facture sera salée. Ce sera une hécatombe. Il n’y aura pas d’échappatoire, aucun avion-ambulance ne sera disponible, les hôpitaux dominicains ne nous recevront pas, le second passeport, pour une fois, ne sera d’aucune utilité et pour faire un petit clin d’œil à mon ami Valery Daudier du Journal Le Nouvelliste qui vient de produire un excellent article sur la question, cette fois-ci, le bon Dieu est en vacances, il est ailleurs, il n’est même plus de ce monde. Dans l’état actuel des choses, ce sont des vacances méritées.

Richenel Ostine

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