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Corruption : Raoul Pierre-Louis refuse de témoigner, pose la suspension des Conseillers-présidents comme condition

Raoul Pierre-Louis, ex-président du Conseil d’administration de la Banque nationale de crédit (BNC), fait face à une situation complexe dans le cadre d’une enquête de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC). Ce dernier a refusé de se présenter à une séance de confrontation prévue avec trois conseillers-présidents qu’il avait accusés de corruption, tant que des mesures importantes ne sont pas prises pour garantir la transparence et l’intégrité du processus.

Les avocats de M. Pierre-Louis, Sonet Saint-Louis et Wilson Estimé du cabinet « Le Prétoire », sont catégoriques : la suspension des conseillers-présidents Louis Gerald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin est une condition sine qua non pour une enquête équitable. Ils soutiennent que la présence continue de ces hauts responsables dans leurs fonctions compromet gravement l’intégrité du processus judiciaire.

Les avocats rappellent qu’en tant que dénonciateur de pratiques corruptives au sein du Conseil de préservation des titres (CPT), M. Pierre-Louis devait bénéficier d’une protection légale. En effet, en signalant ces faits au Premier ministre de l’époque, Garry Conille, il ne faisait qu’accomplir son devoir en tant que haut fonctionnaire. Cependant, loin de recevoir la protection due à un lanceur d’alerte, Raoul Pierre-Louis a été révoqué de son poste, une action que ses avocats qualifient d’arbitraire et d’illégale. Ils soulignent qu’il se retrouve désormais vulnérable aux représailles de ceux qui pourraient être impliqués dans ce scandale de corruption.

Ce scandale repose sur des allégations graves. M. Pierre-Louis a accusé les conseillers-présidents de lui avoir demandé une somme de 100 millions de gourdes pour le maintenir à son poste. Bien que ces accusations aient été fermement rejetées par les intéressés, aucune action en justice n’a encore été initiée par les conseillers-présidents pour laver leur honneur, ce qui alimente les suspicions autour de cette affaire.

Les avocats de Raoul Pierre-Louis dénoncent également des actions qu’ils jugent irrégulières. Les conseillers-présidents accusés se sont rendus à l’ULCC de manière précipitée, sans y avoir été convoqués. Cette démarche est perçue comme une tentative de contourner le droit et d’influencer le cours de l’enquête.

De plus, les représentants légaux de M. Pierre-Louis pointent du doigt une « erreur involontaire » dans la correspondance de l’ULCC, où aucune date précise n’avait été mentionnée pour la séance de confrontation. Cet incident, selon eux, illustre un manque de rigueur dans la gestion de cette affaire complexe.

Face à cette situation tendue, Raoul Pierre-Louis reste prêt pour la confrontation judiciaire qui s’annonce décisive. Toutefois, il exige que cette confrontation ne se tienne qu’une fois les conditions d’équité rétablies, c’est-à-dire après la mise à pied des conseillers-présidents impliqués dans le scandale.

L’issue de cette affaire reste incertaine, mais elle met en lumière les défis persistants auxquels Haïti fait face en matière de lutte contre la corruption. Le traitement réservé à un lanceur d’alerte de cette envergure, confronté à des allégations aussi graves, pourrait bien marquer un tournant dans la perception et la gestion de la corruption au sein des institutions publiques du pays. Le dénouement de cette affaire sera crucial pour l’image de l’ULCC et la lutte contre l’impunité en Haïti.

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