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De 2015 à 2024, au moins 323 policiers assassinés, le RNDDH dénonce une escalade tragique de la violence

La situation des policiers en Haïti a atteint un niveau critique, où les conditions de travail se détériorent à un rythme alarmant. Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a publié un rapport mettant en lumière les défis et les dangers auxquels sont confrontés les agents de la Police nationale d’Haïti (PNH). Ce rapport, fondé sur une enquête menée entre le 6 et le 27 mai 2024 auprès de 132 agents, révèle des conditions de travail insoutenables et un climat de travail toxique.

Les policiers haïtiens travaillent dans des conditions précaires et dangereuses. Les lieux d’affectation sont souvent insalubres, ce qui constitue une menace pour leur santé et leur bien-être. À cela s’ajoutent des horaires de travail astreignants et difficiles, qui exacerbent la fatigue et le stress parmi les agents.

En termes de rémunération, la situation est tout aussi préoccupante. Les salaires sont non seulement insuffisants mais aussi irréguliers, avec des arriérés de salaire non payés et des augmentations rares. Les cartes de débit des policiers, qui devraient être régulièrement alimentées, ne le sont pas, créant une instabilité financière constante. De plus, les primes de risque sont distribuées de manière opaque et injuste, parfois accordées à des agents non exposés au danger, ce qui engendre des tensions et un sentiment d’injustice parmi les policiers.

La couverture sociale des policiers est inefficace, avec une assurance santé souvent inopérante. Cette situation laisse les agents vulnérables face aux risques liés à leur métier sans accès adéquat aux soins de santé. Les informations concernant les droits aux congés sont vagues ou inexistantes, et il n’y a aucune assistance psychologique disponible pour aider les policiers à gérer le stress et les traumatismes liés à leur travail.

Le harcèlement psychologique et les actes d’intimidation par les supérieurs hiérarchiques sont monnaie courante. Les menaces de renvoi sont également fréquentes, créant un climat de peur et d’instabilité. Ces pratiques sont non seulement injustes mais aussi contre-productives, car elles minent le moral des agents et leur engagement envers l’institution.

Le rapport du RNDDH souligne également la violence extrême à laquelle sont confrontés les policiers haïtiens. De 2015 à 2024, pas moins de 323 policiers ont été assassinés dans l’exercice de leurs fonctions. Rien que sous l’administration de Frantz Elbé, 120 policiers ont été tués. Les infrastructures de police ont également été la cible de 68 attaques entre 2021 et 2024, illustrant l’ampleur des dangers auxquels les agents sont exposés quotidiennement.

Il est important que des mesures urgentes soient prises pour améliorer les conditions de travail des policiers en Haïti. Cela inclut la révision des politiques de rémunération et des primes de risque, l’amélioration des infrastructures de travail, et l’instauration de mécanismes de protection sociale efficaces. Il est également nécessaire de fournir un soutien psychologique adéquat et de mettre fin aux pratiques de harcèlement et d’intimidation.

La sécurité et la stabilité des agents de police sont essentielles pour maintenir l’ordre et la justice dans le pays. Ignorer ces problèmes ne fera qu’aggraver la situation sécuritaire en Haïti, compromettant non seulement la vie des policiers mais aussi celle des citoyens qu’ils sont censés protéger.

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