Déportations dominicaines : le gouvernement haïtien et ses condamnations inutiles
Le Premier ministre de facto, dans une note publiée le 8 octobre 2024, a condamné la déportation massive et forcée d’Haïtiens vers la République dominicaine, qualifiant cette pratique de violation des droits humains. Certes, la dénonciation des actes d’injustice est primordiale . Cependant, au-delà de la condamnation verbale, il est impératif de questionner les solutions concrètes que le gouvernement haïtien compte mettre en place pour empêcher l’exil massif des jeunes, ceux-là mêmes qui représentent l’avenir du pays.
Aujourd’hui, nous nous trouvons à un tournant critique de notre histoire, où les belles paroles ne suffisent plus à apporter des changements tangibles. Ce n’est pas seulement la déportation qu’il faut condamner, mais aussi l’absence d’une stratégie claire pour offrir des perspectives d’avenir à cette jeunesse désespérée. Pourquoi tant de jeunes haïtiens préfèrent-ils risquer leur vie en quête d’un avenir ailleurs ? L’insécurité, le manque de travail, l’absence de services de base tels que l’éducation et la santé, tout cela pousse à la migration forcée. Alors, il est légitime de demander : que fait le gouvernement pour résoudre ces problèmes à la source ?
Le Premier ministre, au lieu de simplement réagir à la crise par des réunions interministérielles et des condamnations internationales, devrait d’abord se pencher sur la création de structures solides à l’intérieur du pays. Ce sont ces structures qui pourront offrir des opportunités aux jeunes et les encourager à rester. Que ce soit dans les domaines de l’éducation, de l’entrepreneuriat ou encore de la sécurité, il est essentiel de construire un environnement qui donne à la jeunesse l’espoir de pouvoir réussir en Haïti.
Les jeunes ne fuient pas seulement pour des raisons économiques, ils fuient aussi parce qu’ils ne voient aucun avenir dans un pays gangrené par l’insécurité. Avant d’espérer un soutien international pour les déportés, il faut d’abord instaurer une sécurité durable à l’intérieur du pays. Cela implique une gestion rigoureuse et stratégique du problème des gangs, une réforme de la police nationale et la mise en place de mesures concrètes pour protéger les citoyens.
L’insécurité est un problème central en Haïti. Les jeunes n’ont pas envie de partir ; ils sont poussés à partir parce que la vie ici devient insoutenable. Une vraie réforme du secteur de la sécurité est nécessaire. Plus de patrouilles, une justice fonctionnelle, une meilleure coordination entre les forces de l’ordre et les autorités locales : c’est de cela que le peuple a besoin. Sans cela, aucune politique de rétention de la jeunesse ne pourra réussir. Les jeunes fuiront encore, faute de se sentir en sécurité.
Il est aussi temps de raviver notre conscience collective. Haïti est un symbole de liberté. Nous sommes le premier peuple noir à avoir conquis notre indépendance, et nous avons l’obligation morale de ne plus tolérer cette situation. Les Haïtiens, en particulier les jeunes, devraient pouvoir trouver en leur pays un endroit où ils peuvent grandir et prospérer. M. Conille, en tant que chef de gouvernement, doit aller au-delà des condamnations et se montrer proactif dans la mise en place de réformes structurelles qui garantiront un avenir stable à notre jeunesse.
Il ne s’agit pas uniquement de condamner l’injustice que subissent nos compatriotes déportés, mais d’empêcher que cette situation se répète. Ce n’est qu’en offrant des alternatives réelles aux jeunes, en garantissant la sécurité, l’emploi, l’éducation et la dignité, que nous pourrons freiner ce départ massif. Le Premier ministre doit saisir ce moment pour transformer ses discours en actions concrètes, afin que les jeunes haïtiens puissent enfin envisager un avenir chez eux, dans un pays en paix, un pays qui leur offre des opportunités réelles de réussite.