Des gangs armés tuent et brûlent au bas de Delmas, non loin de l’IGPNH

Les habitants des quartiers Delmas 2, ruelles Deschamps, Dessalines, Chancerelles, ont vécu un climat de terreur le dimanche 24 mai. Depuis plusieurs mois, des groupes armés s’affrontent pour le contrôle des territoires. La situation s’est aggravée dimanche, au moins 4 personnes sont mortes, plusieurs maisons pillées et incendiées. Retour sur une journée de peur et de terreur au bas de Delmas…

5 heures de l’après-midi. Dimanche 24 mai 2020. À travers une retransmission en direct sur la page Facebook du journaliste caméraman indépendant, Yvon Vilius, les internautes prenaient déjà connaissances de ce qui se passe. Tirs à l’arme automatique, des fumées noires qui montent au ciel, un véhicule blindé de la police garé à l’entrée de la Direction Centrale de la Police Routière, pouvait-on voir sur cette vidéo, partagée par des centaines de personnes. Selon des riverains, l’action se déroule dans les zones de Tokyo, Aviation, Chancerelles, Ruelles Deschamps et Dessalines.

« Plusieurs personnes sont mortes. Beaucoup de maisons ont été incendiées. La situation est extrêmement compliquée », a rapporté un habitant de la zone à Haïti Infos Pro. Selon certains riverains, des pères et mères de famille accompagnés de leurs enfants, ont quitté de manière précipitée leur quartier, pour se réfugier dans la zone de « Piste Aviation ». « Les concerts de cartouches ont débuté dès 1 heure de l’après-midi. Ce sont des armes lourdes. C’est une situation intenable », raconte un témoin, voulant lancer un SOS sur les réseaux sociaux.

Cette pluie de cartouches qui a duré plusieurs heures, s’est déroulée à quelques pas de l’Inspection Générale de la Police Nationale d’Haïti (IGPNH) et la Direction Centrale de la Police Routière (DCPR). Hormis le véhicule blindé placé à l’entrée du service de la circulation, aucune action, aucune intervention de la police pendant ces assauts. Plusieurs personnes sont sorties blessées, parmi elles un enfant.

Il fallait attendre 24 heures, soit le lendemain, pour prendre connaissance de l’ampleur de cette situation de terreur. Ce lundi matin, les quartiers touchés étaient presque vides. Certaines familles ont dû laisser leurs maisons, pour échapper aux assauts des hommes armés. Dans une retransmission en direct diffusée sur la page de Télé Pam, des habitants de ces quartiers montrent un corps sans vie allongé au sol, non loin de la ruelle Dessalines. Un autre cadavre placé sur une voiture garée dans la zone, a été calciné. A quelques pas, 2 personnes gisent dans leurs sangs. Au total 4 cadavres ont été dénombrés, parmi eux un calciné.

« Lit, télévision, vaisselles, habits, argents… j’ai pratiquement tout perdu », a témoigné une dame, qui tente de laisser la zone, pour éviter d’être victime, en cas d’éventuelle attaque. Cette mère de famille qui accuse des gangs armés du groupe dirigé par Jimmy Cerisier alias « Barbecue » et consorts, appelle à une intervention urgente de la police, afin de rétablir l’ordre. Les habitants des zones affectées par ce conflit armé dénoncent l’inaction des forces de l’ordre qui selon eux, « se font complice de ces actions criminelles ».

La rédaction d’Haïti Infos Pro a tenté vainement de rentrer en contact avec le nommé « Barbecue », pointé du doigt par les riverains d’Aviation, ruelles Deschamps, Dessalines et Chancerelles. Très présent sur les réseaux sociaux, l’ancien policier qui est recherché par la police, n’a pas cessé d’exprimer sa détermination de déloger les groupes armés qui fonctionnent que ce soit au bas de Delmas et même au Village de Dieu. Selon Jimmy Cerisier qui se dit « toujours prêt » à accompagner la police dans une éventuelle opération dans ces quartiers, « il est inacceptable que des hommes armés continuent de terroriser des paisibles citoyens. »

Jusqu’à ce lundi dans la soirée, aucune communication officielle de la part de la PNH autour de ce climat de tension qui a déjà fait pas mal de victimes au bas de Delmas et ses environs. Les groupes armés ne cessent de montrer leurs muscles, certains observateurs s’interrogent sur la capacité de la police à pallier cette situation. D’autres estiment que l’actuelle équipe au pouvoir ne manifeste aucune volonté politique de résoudre le problème lié à la prolifération des gangs dans le pays, particulièrement à Port-au-Prince.

HIP / Haïti Infos Pro

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