Déteintage de véhicules : la Primature et le Palais national ne parlent pas le même langage
Plus de 72 heures après l’annonce de la mesure liée au déteintage des vitres des voitures, les violons semblent ne pas s’accorder entre la Primature et le Palais national. Si le Premier ministre Joseph Joseph fait la promotion de cette disposition et s’assure de son application, Renald Lubérice, Secrétaire général du Conseil des ministres et Conseiller de Jovenel Moïse, parle un autre langage.
La nouvelle a été annoncée par le Premier ministre Joseph Jouthe lui-même, lors d’un point de presse tenu en sa résidence officielle la semaine écoulée. « À partir du 6 mars 2021, tout conducteur circulant avec un véhicule aux vitres teintées sera sanctionné par la police selon la loi. Cependant, les voitures immatriculées Officiel, Corps diplomatique et Consulaire sont exemptes de cette mesure…», avait déclaré le Chef du gouvernement.
Environ 4 jours après cette annonce, la mesure fait débat. Des citoyens commentent et donnent leur point de vue. Au sein même de l’équipe au pouvoir, les autorités ne sont pas sur la même longueur d’ondes. A travers un tweet, le Secrétaire général du Conseil des Ministres Renald Luberice jette la confusion et suscite des commentaires. « Si jamè w te gentan peye 10 mil goud la, jan lalwa baw dwa fè sa. Lapolis kanpe w, montre papye DGI a. Ni ou menm, ni lapolis dwe respekte lalwa », a écrit le conseiller du Président defacto Jovenel Moïse, sur son compte Twitter.
M. Luberice qui se dit conscient du travail difficile que font les policiers, appelle la population à les supporter dans les rues. « Pou jenès ki vle aprann nan, m ap tou di nou sa: ou pa ka modifye oubyen sispann aplikasyon yon lwa (ou yon dekrè) ak yon kominike, yon sikilè ou byen ak yon arete. Si w bezwen modifye yon dekrè, se Ak yo dekrè ou byen yo lwa pou w fè sa. Pa kite moun blofe w », a insisté l’officiel du Palais national.
Des interventions qui mettent au grand jour le désaccord qui existerait entre la Primature et le Palais national, autour de la mesure d’interdiction temporaire des vitres teintées. Entretemps, le Premier ministre Joseph Jouthe a pris la décision de déteinter les véhicules de son propre cortège, comme pour envoyer un signal clair aux autres entités.
Cette mesure adoptée lors d’un conseil de gouvernement spécial le 3 mars dernier, reste jusqu’ici sans effet et n’a pas calmé la fureur des bandits armés. Depuis l’annonce de ces mesures, au moins trois (3) personnes ont été enlevées. Les cachettes des kidnappeurs sont connues, des véhicules immatriculés Service de l’État et/ou Officiel sont impliqués, le pouvoir en place est pointé du doigt comme principal complice.