Détention préventive prolongée : 82% de détenus en attente de jugement contre 18% de condamnés, selon le RNDDH

Dans un rapport rendu public, le jeudi 4 novembre, sur les conditions générales de détention et le statut des prisonniers en Haïti, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a fait état de 82% de détenus en attente de jugement contre 18 condamnés. En ce sens, le RNDDH recommande aux autorités judiciaires d’organiser dans les plus brefs délais des audiences correctionnelles et criminelles pour réduire le nombre inacceptable de personnes en attente de jugement.

« Une comparaison du statut juridique des détenus-es de la rentrée judiciaire 2020-2021 à sa clôture, souligne mieux, le bilan catastrophique de cette année judiciaire sur la population carcérale », peut-on lire dans le rapport dont la rédaction du journal a eu copie. « En effet, au 20 octobre 2020, la population carcérale haïtienne était estimée à onze mille cent-trente-et-un (11.131) détenus-es, dont huit mille huit-cent-neuf (8.809) en attente de jugement et seulement deux mille trois-cent-vingt-deux (2.322) condamnés. Ainsi, 79.14 % de cette population carcérale étaient en attente de jugement et 20.86 %, condamnés », a-t-il souligné. « Pourtant, au 29 septembre 2021, la population carcérale est estimée à onze mille deux-cent-cinquante (11.250) personnes dont neuf mille deux-cent-trente-six (9.236) en attente de jugement et deux mille quatorze condamnés. Ainsi 82 % de la population carcérale sont attente de jugement contre 18 % condamnés», a déploré l’organisation de défense des droits humains.

Dans la foulée, le RNDDH note que les audiences réalisées au cours de l’année judiciaire n’ont pas de grand impact sur la surpopulation carcérale. « À date, le RNDDH ne dispose que des informations relatives aux verdicts qui ont été prononcés pour cent-trente-deux (139) personnes dont quarante-huit (48) ont été libérées et quatre-vingt-onze (91) autres condamnées », a précisé le rapport. Ces audiences n’ont donc pas eu un grand impact sur la population carcérale haïtienne estimée, en date du 29 septembre 2021, à onze mille deux-cent cinquante (11.250) détenus-es dont deux mille-quatorze (2.014) condamnés et neuf mille deux-cent trente-six (9.236), soit 82.09 % en attente de jugement », a-t-il indiqué.

Dans le même registre, le RNDDN rapporte que les juridictions de première instance du Cap-Haïtien, de Fort-Liberté, de Grande-Rivière du Nord, de Jérémie et de Port-au-Prince n’ont réalisé aucune audience criminelle au cours de l’année judiciaire 2020-2021. Alors que huit (8) prisons au moins sont localisées dans ces juridictions dont la population carcérale jusqu’au 29 septembre 2021 est estimée à six mille cent-vingt-sept (6.127) détenus-es dont cinq mille cent-cinquante-deux (5.152) soit 84 %, en attente de jugement et seulement neuf-cent-soixante-quinze (975) condamnés. « Il a aussi été rapporté au RNDDH qu’un nombre important de détenus-es condamnés et transférés dans d’autres prisons, ont fini de purger leur peine. Cependant, ils sont maintenus en détention, leur nouveau centre carcéral ne disposant pas des dispositifs de jugement les concernant », a poursuivi le rapport.

Le RNDDH qui estime que l’évolution de la population carcérale au cours de ces cinq (5) dernières années dénote une absence totale de volonté des autorités étatiques de résoudre le problème de la détention préventive illégale et arbitraire, en a profité pour dénoncer les conditions carcérales comme le problème récurrent d’absence de nourriture qui parfois provoque des mutineries dans certaines prisons civiles.

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