Détournement de fonds à l’Ed’H: un rapport accablant de l’ULCC fait la lumière

Un rapport de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) a mis en évidence un scandale financier d’envergure à l’Électricité d’Haïti (EDH), impliquant le détournement de plus de vingt-deux millions de gourdes. Ce rapport, fruit d’une enquête approfondie menée entre janvier 2021 et janvier 2022, met en cause plusieurs cadres de l’institution, soulignant les failles systémiques dans la gestion des fonds publics.

L’enquête a été lancée suite à une plainte déposée auprès du service « Plaintes et dénonciations » de l’ULCC, faisant état de soupçons de détournement de fonds par des cadres de l’EDH. Sous la direction de Me Hans Jacques Ludwig JOSEPH, directeur général de l’ULCC, une commission a été mandatée pour examiner la véracité des accusations, identifier les coupables, et proposer des mesures correctives pour éviter de tels incidents à l’avenir.

L’investigation a révélé que le montant exact détourné s’élève à 22,759,671.73 gourdes, provenant des caisses de plusieurs bureaux de l’EDH dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Les soupçons se sont rapidement concentrés sur cinq caissières, identifiées comme les principales responsables de ce détournement.

Les enquêteurs ont analysé les bordereaux de caisse et auditionné divers cadres de l’EDH, dont le directeur administratif Joachin Jose Davilmar, qui a nié toute implication directe dans la gestion financière de l’institution, attribuant la responsabilité aux directeurs général, financier, et de la planification.

La directrice financière de l’EDH, Madame Carmitte Jean Bernard, en poste depuis janvier 2022, a joué un rôle clé dans la découverte de ce détournement. Elle a expliqué aux enquêteurs que c’est suite à des réclamations de clients, confrontés à des factures irrégulières, que les premières anomalies ont été détectées. Le département de la trésorerie, chargé de la gestion des fonds, est apparu comme étant au centre de cette fraude massive.

L’enquête a également mis en lumière des dysfonctionnements graves au sein du Département des Systèmes Informatiques (DSI) de l’EDH. Le responsable du DSI, Jean Philippe Maximilien, a révélé que le serveur du Système de Gestion Commerciale (SGC) n’était plus fonctionnel, ce qui a pu faciliter les manipulations frauduleuses des données.

Le rapport de l’ULCC conclut que des mesures strictes doivent être prises pour renforcer les contrôles internes à l’EDH. Il recommande des sanctions sévères à l’encontre des responsables identifiés et suggère une refonte complète des procédures de gestion financière pour éviter de futures malversations.

Cette affaire soulève des questions sur l’intégrité des institutions publiques en Haïti, particulièrement dans un secteur aussi crucial que celui de l’électricité. Elle appelle à une vigilance accrue et à une gestion plus rigoureuse des ressources publiques pour restaurer la confiance des citoyens.

L’ULCC a transmis les résultats de son enquête aux autorités judiciaires compétentes pour les suites légales, marquant ainsi un pas important vers la lutte contre la corruption en Haïti.