Devant l’ONU, Jovenel Moïse dévoile sa volonté de bâillonner la presse

Dans son intervention virtuelle, face à des cadres du Conseil de sécurité des Nations Unies, Jovenel Moïse, de manière à peine voilée, identifie les manifestants et les journalistes comme des gangs.

« Souvent des gangs sont déguisés en manifestants et journalistes pour attaquer nos policiers en service », a fait savoir le président déchu, qui n’a aucune gêne quand il s’agit de mentir. Cette déclaration n’est pas anodine. Plusieurs journalistes font déjà objet de grandes menaces et sont intimidés dans leur travail. Les manifestants qui réclament son départ du pouvoir et le respect de la constitution sont sévèrement réprimandés par des policiers cagoulés. De toute évidence, ces manifestants et journalistes que Jovenel Moïse identifie comme des gangs, seront aussi démantelés. En voilà un prétexte du dictateur pour faire obstacle à la liberté d’expression et de réunion garantie par la constitution.

En temps normal, c’est un cadre de son gouvernement de facto qui devait faire cette intervention devant les fonctionnaires du Conseil de sécurité de l’ONU. Il n’y était pas obligé. Mais sa perte de légitimité est un manque à gagner énorme, par conséquent, il essaie de sauter sur la moindre occasion pour justifier ses idioties, raconter des ragots et enfin se ridiculiser.

Les journalistes sont dans son viseur, pas tous évidement. Cela qu’il considère comme un obstacle à ses visées dictatoriales, ceux-là qui dans leurs analyses sont tranchants et directs, ceux-là qui aux yeux de la population prennent leurs distances à ses dérives démocratiques, à ses actes barbares et arbitraires et qui ne se cachent pas derrière leur micro en jouant le double jeu, essayant de faire un je ne sais quel équilibre…, ces journalistes-là doivent se taire. Les manifestants sont aussi dans sa ligne de mire. Aucun dictateur ne tolère les revendications populaires qui sont une menace à son pouvoir.

Jovenel Moïse, dans la boiteuse lecture devant le Conseil de sécurité de l’ONU, a fait deux horribles choses pour continuer à persécuter les journalistes et les manifestants. La première, il a présenté les manifestants et les journalistes comme une menace pour les policiers, la deuxième, il décrit les interventions (gaz lacrymogène, tirs à hauteur d’hommes, assassinat, répression, arrestation arbitraire, dispersion systématique, etc.) de la police contre les manifestants comme normales. Ainsi donc, le dictateur Moïse, comme tout dictateur qui a toujours besoin d’une force répressive pour asseoir sa domination et mater ses opposants, a conforté la police, a ainsi donné carte blanche à l’institution policière pour réprimander les manifestants et les journalistes qui lui sont hostiles parce qu’il les considère comme des gangs.

Les journalistes et les manifestants ne sont pas dupes. Ils comprennent le sens de l’intervention du dictateur. Ils ne sont pas des canards sauvages, encore moins des gangs. A la vérité, depuis environ 9 ans, Haïti est un pays gangstérisé. Le banditisme est légalisé, ‘’machann mikro’’ est un métier rentable, la masturbation intellectuelle est la règle, et en dernier lieu, les tueurs à gage et les kidnappeurs sont les bras armés du pouvoir PHTK.

Le dictateur pour détourner les regards sur les vrais problèmes du pays accuse, se dédouane de toutes responsabilités. Il reprend en boucle les scenarios des films dont il est l’acteur principal, il parle de : Tentative de coup d’’Etat, refus des élections, violence dans les rues, démantèlement des gangs, baisse considérable du kidnapping, renforcement du système judiciaire et autres. Il se fiche royalement de notre gueule. Jamais un président n’a été aussi ignoble dans ses prises de parole. Il frôle le ridicule à chaque fois. Néanmoins, il satisfait les exigences du statu quo, il poursuit non sans peine son plan macabre pour le pays, et les institutions internationales lui facilitent la tâche. Ces dernières font deux choses, elles se montrent consternées, préoccupées par la détérioration de la situation sociopolitique, d’un autre côté, elles demandent l’organisation des élections dans les mêmes conditions, donc elles sont conformes à un referendum pour une nouvelle constitution. Par ricochet, ce sont elles les véritables supports du pouvoir en place. Les manifestants et les journalistes sont prévenus, Jovenel Moïse a porté plainte contre eux par devant le conseil de sécurité de l’ONU.

Haïti Infos Pro

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