Duvalier-Lavalas-PHTK et Haïti

Par Robenson HenrySouvent on entend certains disent : « Les Duvalier étaient meilleurs », lorsqu’ils regardent le désastre inqualifiable dans lequel le Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) plonge le pays. Face aux terribles conséquences de la gouvernance des bandits légaux, d’autres présentent l’ancien président Jean Bertrand Aristide comme celui-là qui était en train de tout mettre en place pour changer le destin d’Haïti. Pourtant, ils sont tous des oiseaux de même plume. Corruption, Impunité, mauvaise gestion, terreur sont les principales caractéristiques de leur gestion du pouvoir politique.

François et Jean-Claude Duvalier ont dirigé le pays de 1957 à 1986. Après leurs 29 ans de règne, Haïti était le seul pays de la région qui comptait plus d’analphabètes. Paradoxalement, ils se sont plu à exécuter et à exiler les cerveaux du terroir dont le savoir devrait être utilisé au profit du pays. Pour sauvegarder le pouvoir contre vents et marrées, le régime a formé le corps des tontons macoutes qui terrorisait les gens partout à travers le territoire. Avec les Duvalier, l’économie haïtienne n’as connu aucun bond. Les membres du pouvoir héréditaire avaient au contraire capturé les ressources de l’Etat au lieu les investir dans des grands projets de développement national générateurs d’espoir. C’est la raison pour laquelle le phénomène « boat people », qui a commencé sous la présidence d’Elie Lescot, a avait continué en cette période. Donc, sous la présidence de papa Doc, comme on le constate encore aujourd’hui, des paysans risquaient leur vie en mer dans la perspective de trouver un mieux-être ailleurs. Certains se sont dirigés vers Cuba. Et beaucoup d’autres se sont rendus en République Dominicaine pour aller travailler dans des « Bateys », selon Paul Moral.

L’accession de « Fanmi Lavalas » au pouvoir avait suscité un gigantesque espoir chez le peuple haïtien, notamment à cause du discours antisystème de Jean Bertrand Aristide qui avait fait mouche et son origine sociale. Plus d’un croyait qu’il allait être le Fidel Castro, le Hugo Chavez, le Paul Kagamé ou même le Lula haïtien. Mais, son choix de faire des gangs armés la force protectrice de son administration avait rapidement déçu une frange importante de la population. Sous la présidence d’Aristide un bandit valait plus qu’un étudiant et même qu’un recteur d’université. En témoigne le sort de Jean Marie Paquiot le 5 décembre 2003 à la Faculté des sciences Humaines. Tout comme le régime des Duvalier, Lavalas a, à son tour, son lot de victimes. L’élimination systématique des opposants politiques était donc la règle. La dilapidation des fonds publics était la norme. Les « chimères Lavalas » avaient eu droit de cité dans l’administration publique haïtienne. Certains membres du régime ont avoué que régulièrement l’argent transitait dans sacs vers d’autres membres influents de Lavalas et des chefs de gangs de l’époque. L’administration regorgeait de gens sans qualification. La gabegie administrative avait tellement pris des proportions énormes sous ce gouvernement qu’en 2004, la communauté internationale avait recommandé la mise en place d’un certain nombre de mécanismes de contrôle des finances publiques haïtiennes tels que l’Inspection Générale des Finances (IGF), l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), l’Unité Central de Renseignements Financiers (UCREF) et la Commission Nationale de Passation des Marchés Publics (CNMP).

Depuis 2011, nous sommes sous le règne du Parti Haïtien Tèt Kale, hormis, la parenthèse Jocelerme Privert dont l’administration Martelly-Paul a accouchée pour n’avoir pas pu organiser les élections devant renouveler le personnel politique haïtien. En deux mandats, il a perpétré le casse du siècle en dilapidant la plus grande partie des fonds PetroCaribe. Par la mise en place de projets bidons, des officiels et non-officiels phtkistes ont capturé une pharamineuse somme qui devrait être allouée à des programmes de développement. L’affaire Dermalog, le scandale « kits scolaires » et tant d’autres du même genre, témoignent de l’avarice avec laquelle le régime s’accapare des biens publics. Sous le règne du PHTK, le renforcement des institutions haïtiennes est loin d’être une priorité. Au contraire, le régime s’acharne à leur spectaculaire démantèlement. La justice est à genoux. Elle ne peut donner la moindre réponse, hormis, l’ordonnance prise dernièrement par la cour d’appel de Port-au-Prince à propos des prisonniers du faux coup d’Etat du 7 février 2021 (date de la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moise). Le pays est de plus en plus gangstérisé. Les organisations criminelles opèrent en toute impunité. C’est normal, car avec des bandits légaux au pouvoir, elles n’auraient pas eu de statut illégal en Haïti. L’impunité est à son paroxysme car les criminels notoires terrorisent, violent, volent, séquestrent et assassinent au vu et au su de nos soi-disant autorités. Certains dilapidateurs des fonds publics sont encore en poste ; d’autres déambulent en toute quiétude. Les gangs sont les bras armés du régime Tèt Kale à coté des milices politiques que sont la police nationale d’Haïti et l’Armée de Jovenel Moïse. Ils décapitalisent les citoyens en leur réclamant ce qu’ils ne possèdent et ne posséderont jamais. C’est donc le règne bandit légal PHTgang.
Aujourd’hui, l’économie haïtienne est réduite à sa plus simple expression. Avec une inflation de plus de 18% et une gourde qui, chaque jour se déprécie face au dollar, les ménages haïtiens sont en train d’être suffoqués. La famine a atteint un niveau exagéré en Haïti en 2021. 4.4 millions d’Haïtiens sont en insécurité alimentaire, selon l’organisation des Nations-Unies. Or, Jovenel Moise avait promis de faire un mixage de terre, d’eau, de soleil et du capital humain haïtien pour mettre de l’argent dans les poches et de la nourriture sur les tables. Avec la montée phénoménale de l’insécurité, le tourisme et l’investissement direct étranger sont pratiquement morts en Haïti. Deux des principaux secteurs qui servent à booster les moyennes et les grandes économies du monde. Or, Michel Martelly avait fait savoir que le pays était « open for business » sous l’ère PHTK. Résultats : le chômage est à son comble. La migration est, encore une fois, la panacée adoptée par beaucoup de compatriotes dans la quête d’un mieux-être. En dépit de la multitude de naufrages des « boat people » haïtiens, ils sont nombreux à continuer de risquer leur vie en mer car Haïti est pratiquement devenu un enfer pour ses dignes fils.

Donc, de Duvalier père et Fils en passant par Jean Bertrand Aristide pour arriver à Martelly-Moïse, la mauvaise gouvernance, l’impunité, la terreur et la corruption ont toujours été les principales constantes de l’exercice du pouvoir politique en Haïti. Or, beaucoup de pays qui, 50 et 60 ans avant, étaient au même rang que nous, progressent énormément grâce au combat acharné engagé contre ces fléaux. Si durant les 29 ans de la dictature, les ressources de l’Etat étaient convenablement utilisées, l’impunité et la mauvaise gouvernance étaient combattues, on aurait eu un autre pays en 1986. Si le pouvoir Lavalas avait initié une quelconque rupture avec les Duvalier, ce ne sont pas les petits bandits légaux de PHTK qu’on aurait eu au pouvoir actuellement. Dernièrement, j’ai, avec peine, entendu Aristide qualifiant les dirigeants Tèt Kale de Zéro. Le pire, on l’applaudissait chaudement. Pourtant, PHTK est la continuité de Lavalas ainsi que celle des Duvalier. Jou fèy la tonbe nan dlo a se pa jou a li pouri. Moun ki di men kolèv la ak sila ki touye l la gen menm responsabilite nan lanmò koulèv la. Si PHTK ka alèz nan demoli ti rès Ayiti ki rete a, se paske gen moun ki te kòmanse kraze anvan. Sila ki te kòmanse kraze ak kontininye kraze yo, gen menm responsabilite ak sila ki mete kay la plat atè yo. Donc, si aujourd’hui, nous voulons changer Haïti, il ne faut pas uniquement changer d’acteurs, il faut aussi changer le logiciel de la gouvernance politique. L’Américain dirait : change of paradigm. Et pour le faire, il faut ne pas avoir de la mémoire courte. Sinon, on aura toujours les Ti boule, les Emmanuel Orcel, les Michelle Benette, les dread Wilmé, les Amaral, les Martelly, les Roro Nelson, les Jovenel, Les Ti Lapli, les Izo, les Rony Celestin, les Gary Bodeau, les Jouthe Joseph, les Martine Moise, etc…Nou pat bay ankenn moun planifye lanmò nou. Se devlopman yo te la pou yo te fè. Se byenèt yo te la pou planifye.

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