Échec du dialogue inter-haïtien : « un résultat plus que prévisible », selon certains observateurs
Cette énième tentative de la communauté internationale de réunir les acteurs politiques haïtiens, pour les porter à trouver une solution à la crise sociale et sécuritaire qui bouleverse le pays, a été un nouvel échec. Des acteurs de la classe politique, de la société civile et du secteur des affaires réunis au pays de Bob Marley les 11, 12 et 13 de l’année en cours n’ont pas réussi à trouver une entente susceptible d’éclaircir la situation politico-sociale et sécuritaire du pays. Cet échec prouve une fois de plus l’incapacité de ces acteurs à mettre de côté leurs intérêts mesquins au profit du collectif, de l’avis de certains compatriotes.
Des citoyens de la capitale haïtienne interrogés par HIP sur la question, ce mercredi 14 juin 2023, ne paraissent pas étonnés de l’issue de ces assises organisées à l’initiative de la communauté caribéenne (CARICOM) dans le perspective d’une solution à la crise multidimensionnelle qui secoue le pays depuis quelques années. Pour certains le résultat était déjà connu d’avance.
« Il fallait être dupe ou ignorant pour s’attendre à un résultat contraire de cette rencontre politique, tenant compte du comportement des politiciens haïtiens », clame Marc Pierre, un citoyen, évoluant dans le secteur de l’éducation. « Toute personne qui a plus ou moins une connaissance de l’histoire politique du pays durant les trente (30) dernières années comprend, tout de suite, que la montagne n’aurait accouché que d’une souris, car les mots concession, entente ou compromis, n’existent pas dans le vocabulaire des politiciens haïtiens », justifie l’enseignant.
Si Marc Pierre se garde de fixer la responsabilité de l’échec de la rencontre à un groupe spécifique, James Joseph, lui, pointe du doigt directement l’équipe gouvernementale et ses alliés. Pour lui, l’attitude hautaine et arrogante affichée par le Premier ministre vis-à-vis de l’opposition n’était de pas de nature à favoriser cette entente. Il ne la cherchait pas en réalité », croit-il. « Cette équipe gouvernementale n’a pas conscience de l’aggravation de la situation politico-sociale et sécuritaire du pays. Elle s’en fout pas mal de la réalité quotidienne de la population caractérisée par la violence des gangs armés, le kidnapping. Pourvu qu’Ariel Ariel, sa famille et ses ministres soient en sécurité », soutient James Joseph.
« Qu’est-ce qui explique qu’en dépit de son résultat catastrophique pendant les deux ans de règne environ, Ariel Henry s’obstine autant à garder le pouvoir ? » s’interroge de son côté, Jasmine Joseph. « Plus encore, il ne veut pas entendre parler d’un remaniement profond de son gouvernement », poursuit cette jeune femme, qui demande aux membres de l’opposition de conjuguer leurs forces en vue du chambardement de ce gouvernement « nul ».
Notons que certains partis politiques de l’opposition ayant pris part au dialogue inter-haïtien à la Jamaïque dont OPL, FANMI LAVALAS, UNIR et PHTK ont signé, au terme de ces assises, une déclaration conjointe dans laquelle ils appellent, entre autres, au rétablissement du pouvoir exécutif, avec la formation d’un Collège Présidentiel et d’un gouvernement d’unité nationale dirigé par un Premier ministre, sans préciser s’il s’agira d’Ariel Henry ou pas.