En proie à la violence, Croix-des-bouquets est en passe de devenir un grand désert 

La situation se détériore au quotidien dans la commune de Croix-des-Bouquets, ceci depuis tantôt deux ans. La majorité de la population habitant l’une des plus grandes communes du département de l’Ouest ont fui l’hégémonie du gang « 400 Mawozo » qui règne en maître et seigneur. Croix-des-bouquets est-elle en passe d’être rayée de la carte géographique d’Haïti ?

L’insécurité caractérisée par la gangstérisation étend ses tentacules à travers tout le pays. Située à 12 km au nord-est de Port-au-Prince, Croix-des-bouquets n’est pas exempte, puisque l’un des groupes armés les plus puissants du pays contrôle depuis plus d’un an cette commune. Il est 10 heures AM, déjà nous sommes en visite dans la commune. Le marché communal qui d’habitude est bondée de marchands et d’acheteurs est presque désert, quelques rares commerçant sont remarqués, les consommateurs sont aux abonnés absents. La portes de la plupart des entreprises privées et publiques sont fermées. Quelques camionnettes et bus sont présents à la station. Croix-des-bouquets est complètement sale, boueuse. L’insalubrité est à son comble.

« Je n’oserais jamais imaginer qu’un jour la commune de la Croix-des-bouquets deviendrait aussi invivable. Les hommes armés sont éparpillés dans tous les coins et recoins. Ils nous menacent et posent leurs actes entoute quiétude. Vivre ici révèle d’un exercice difficile et compliqué », témoigne un habitant. « La majorité des maisons ne sont pas habitées, leurs propriétaires ont dû les abandonner pour aller se réfugier ailleurs. Nous sommes obligés de rester, car j’ai grandi ici et ma famille y habite. On n’a pas d’autres endroits où aller, on n’est obligé de rester mais si on avait le choix on fuirait à toute vitesse. Les écoles fonctionnent au ralenti, en ce qui a trait au commerce rien ne marche vraiment », poursuit le septuagénaire.

Des tirs retentissent à longueur de journées dans plusieurs quartiers, notamment à la Rue Falaise, Nouailles, Duval, Latranblaie entre autres. C’était aussi le cas lors de notre séjour dans la commune. Face à cette situation de terreur, les citoyens cherchent à tout prix de s’adapter. Lorsqu’il y a un calme apparent, ils s’approvisionnent en eau, en nourriture, car à n’importe quel moment la situation peut dégénérer. « Quand les bandits s’affrontent, nous sommes obligés de rester chez nous, sous nos lits. Nous pouvons passer des heures parfois 2 à 3 jours sans sortir. Si un proche se trouvant à l’étranger t’envoie de l’argent, tu dois te rendre à Tabarre ou à Clercine dans une maison de transfert pour aller le chercher. Il y a des choses dont tu as besoin, comme des services publics qui sont Port-au-Prince. Ah, c’est le chaos total ! Nous sommes livrés à nous-mêmes ici », se désole une Crucienne.

A cause de la violence qui prévaut dans la commune, les citoyens ont perdu leur boulot, des enfants sont obligés de changer d’école, et des familles sont divisées,décapitalisées et les activités socioéconomiques, surtout l’agriculture, sont fortement impactées par ce fléau. Les citoyens nous rapportent qu’ils remarquent rarementune présence policière dans la zone.

Depuis le début du mois en cours, le désespoir total s’est installé dans la commune de la Croix-des-bouquets à cause des affrontements à répétition entre les gangs de Vitelhomme et « 400 Mawozo ». Près d’une douzaine de maisons ont été brûlées en moins d’une semaine, plus de 20 familles ont été sinistrées ; on y compte près de 200 déplacés et plus d’une quinzaine de personnes tuées dont 7 dans la seule journée du 17 octobre dernier dans le village artistique de Nouailles. En proie à la violence des gangs armés, Cité Soleil, Martissant, Torcel, Laboule12 risquent de devenir des déserts. Vu l’indifférence du Gouvernement d’Ariel Henry, d’aucuns se demandent s’il ne s’agit pas du sort réservé à tout le pays. 

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