En toute quiétude, les gangs ouvrent leur commerce de « carburant volé »

Certains pourraient se demander : où est-ce que les vendeurs ont trouvé le carburant mis en vente presque partout sur les trottoirs ces derniers jours, sachant que le plus grand centre de stockage de produits pétroliers du pays est depuis un mois pris en otage par des gangs armés, qui contrôlent la zone de sa localisation ?

La question peut en susciter bien d’autres notamment celle en rapport aux mécanismes mis en place pour écouler le carburant volé au Terminal Varreux par des hommes armés, dont les 4 camions-citernes ainsi que les fûts remplis d’essence estimés à environ 28 mille gallons, le 15 octobre 2022, selon les responsable de l’institution. Certains chauffeurs tentent d’apporter des éléments de réponse à ces interrogations pour le moins intéressantes, compte tenu de leur caractère à la fois sensible et complexe.

Joseph Marcelin assure le transport Portail de Léogane/Centre-Ville de Port-au-Prince depuis près d’une dizaine d’années. Il n’a jamais remisé sa voiture pour cause de pénurie d’essence, ce, malgré les différentes crises que le pays a connues en ce sens. Marcelin dit avoir le véritable secret lui permettant de s’échapper constamment à cette situation. Pour y parvenir Joseph Marcelin a développé des liens amicaux avec des pompistes, des conducteurs de camions-citernes et même des propriétaires afin d’avoir une alternative en cas de non-disponibilité des produits pétroliers dans les pompes.

« Quand cela arrive, comme ils détiennent toujours des réserves, je les appelle pour me faciliter quelques gallons. Pour être mérité de confiance, il ne faut jamais lésiner quand il s’agit de payer, peu importe le prix que cela coûte, et c’est important », soutient Marcelin. Cette possibilité étant infructueuse ces derniers temps, Marcelin Joseph déclare s’être, en revanche, tourné vers une autre plus dangereuse. « En tant que père de famille, je dois me débrouiller coûte que coute pour donner à manger ma famille », justifie cet homme. « Un ami m’a fait découvrir deux endroits secrets situés en plein cœur de Port-au-Prince et contrôlés par des gangs où les produits pétroliers se vendent comme des petits pains. Mais pour y accéder, il faut être conduit par un habitué des lieux, au risque d’être passé sous les flammes des caoutchoucs comme un espion », confie-t-il.

« Là-bas, le prix du gallon de la gazoline varie entre 2 mille à 2500 gourdes contre 2 mille gourdes pour le diesel », rapporte-il, indiquant que même des gens mieux placés dans cette société achètent du carburant provenant de ces milieux par l’entremise d’autres personnes. Si Joseph Marcel se garde de fournir des indices susceptibles de conduire à la découverte de ces endroits secrets, Jean Bernard qui utilise le même circuit, n’y va pas par quatre chemins, indiquant que ces espaces sont contrôlés par les membres du gang qui impose son embargo sur le Terminal Varreux. Ce faisant, le « G9 » étrangle comme d’habitude la population haïtienne qu’il déclare, paradoxalement, défendre contre la décision arbitraire du gouvernement dirigé par Ariel Henry d’augmenter le prix du carburant sur le marché local.

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