Fritz Jean : « Des victimes de violence à Cité Soleil m’ont livré des témoignages déchirants »
Le binôme effrayant « conflit armé et choléra » qui sévit à Cité Soleil frappe de plein fouet les femmes et les enfants. Des témoignages de femmes victimes de la barbarie des gangs et qui assistent impuissantes au décès dû au choléra de leurs proches, interpellent le Président élu de l’Accord de Montana, l’économiste Fritz Alphonse Jean.
Les différents récits livrés par des femmes de Cité Soleil sur des proches assassinés, des enfants décédés de choléra, des maisons détruites par des gangs ont laissé sans voix l’économiste Fritz Alphonse Jean. Dans le cadre d’une visite effectuée, vendredi, au local du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), la délégation des victimes de viol et de violence sexuelle entretenue par les bandits liés à G-Pèp et G-9 a brossé un tableau irréaliste des forfaits subis.
Des jeunes filles violées, des mères de famille confinées en raison des affrontements armés, des pères de famille exécutés résument le quotidien de Cité Soleil depuis l’éclatement des escalades de violences en septembre dernier. Marie, une mère de 4 enfants révèle avoir perdu son mari lors d’une attaque meurtrière menée par les assassins de G-9. L’un de ses fils de 3 ans a péri, après avoir contracté le choléra, la semaine dernière. Le témoignage bouleversant de Marie est comparable à celui de plusieurs autres femmes victimes de viol et touchées par la cruauté des gangs.
Adeline, une jeune femme allaitante, se bat quotidiennement pour affronter la dure réalité imposée par les gangs. Elle révèle avoir frôlé la mort lors des conflits armés. « J’ai vu des cadavres humains jonchés les rues. Des personnes atteintes de balles perdues peinent à recevoir des soins de santé appropriés. De paisibles citoyens sont principalement visés par les caïds », décrit-elle, la gorge nouée.
Au bout de deux heures d’échanges avec la délégation des femmes victimes de Cité Soleil, l’élu de Montana impute aux autorités de facto la responsabilité de la situation intenable vécue par les habitants de la commune. Fritz Alphonse Jean souligne que la crise de l’essence exacerbe les conflits, fragilise les conditions socioéconomiques de familles déjà précaires.
À « Solèy 9 », à « Projet Drouillard », à « Bois-Neuf » et dans d’autres quartiers, les perspectives d’une amélioration du climat sécuritaire se dissipent. Le pouvoir de facto manifeste son insensibilité envers les couches défavorisées en témoigne l’absence de la Police, des services de base, dénonce l’économiste Fritz Jean.