Garry Conille : l’exil discret d’un premier ministre en échec
Ce samedi 16 novembre 2024, Garry Conille, ex-Premier ministre haïtien, a quitté le pays dans la plus grande discrétion. À peine évincé de ses fonctions, il s’était réfugié à l’ambassade américaine avant de prendre un vol à destination de Provo, aux Îles Turques-et-Caïcos. Avant d’arriver à Provo, Conille a transité par le Cap-Haïtien, où il n’a jamais quitté l’avion. Après cette escale, il s’est rendu aux Îles Turques-et-Caïcos, puis à Miami, où il doit retrouver sa famille à New York. Cinq mois seulement après son arrivée au pouvoir, Garry Conille fuit un pays dévasté par la violence et l’instabilité.
Garry Conille était arrivé à la primature avec des promesses de rétablir la sécurité dans un contexte de crise aiguë. Cependant, son mandat a été marqué par une escalade des violences, notamment à Port-au-Prince, où les gangs ont intensifié leur contrôle. En dépit de l’appui international qu’il espérait, son gouvernement a rapidement sombré sous le poids des tensions politiques et sociales.
L’exil, un héritage politique historique
L’exil de Garry Conille s’inscrit dans une longue tradition haïtienne où les dirigeants évincés quittent le territoire. L’historien jamaïcain Matthew J. Smith, spécialiste de la politique haïtienne,avait affirmé que l’exil politique est une pratique récurrente dans l’histoire du pays, remontant au XIXe siècle. Après avoir été renversé en 1867, Fabre Geffrard s’est exilé en Jamaïque. D’autres figures comme Florvil Hyppolite et Tancrède Auguste ont trouvé refuge dans les îles voisines ou en Amérique latine. Ce phénomène n’est pas propre au XIXe siècle.
L’histoire moderne d’Haïti n’échappe pas à cette dynamique d’exil. Jean-Claude Duvalier, le dictateur déchu, s’est exilé en France en 1986 après sa chute, emportant avec lui une part importante des ressources du pays.En 2004, après la chute de Jean-Bertrand Aristide, Gérard Latortue fut nommé Premier ministre. Cependant, bien que des élections aient eu lieu, Gerard Latortue n’est même pas resté pour la cérémonie d’investiture de René Préval, élu en 2006. Cette situation illustre bien la réalité des dirigeants haïtiens, qui , une fois leur mission accomplie , quittent rapidement le pays . Après avoir servi les intérêts de leurs parrains politiques, ils prennent l’avion et retournent chez eux, laissant derriere eux un pays en désarroi. En effet ,la plupart des dirigeants haïtiens n’ont jamais fait le pays une priorité pour leur propre famille qui ne vit pas en Haïti.
L’histoire de ces exils illustre la difficulté des dirigeants haïtiens à assumer la continuité du pouvoir. Plus récemment, des personnalités telles que Michel Martelly et Laurent Lamothe ont opté pour des séjours prolongés à l’étranger, fuyant les poursuites judiciaires ou les critiques internes. Dans ces cas, l’exil ne se limite pas à une fuite physique, il représente également une rupture nette avec les responsabilités politiques. Ce départ contribue à laisser Haïti dans une situation de plus en plus marquée par l’instabilité et l’insécurité.
Le départ de Garry Conille, qui s’ajoute à cette longue liste de dirigeants fuyant le pays, symbolise l’incapacité des élites haïtiennes à assumer leurs responsabilités face à la crise. Après avoir échoué à mettre en place les réformes promises, ces dirigeants choisissent l’exil pour éviter la reddition de comptes. En abandonnant un pays en pleine déroute, ils contribuent à la fragilisation des institutions haïtiennes et à l’aggravation de la souffrance de la population.
Depuis des décennies, après avoir causé des dégâts considérables par une mauvaise gouvernance, ces leaders trouvent toujours des pays prêts à les accueillir. Ce phénomène montre l’incapacité des élites à se responsabiliser et à réparer les torts qu’elles ont infligés à la nation. Les pays d’accueil, parfois motivés par des raisons diplomatiques ou économiques, contribuent, par cette tolérance, à renforcer ce cycle où l’impunité et l’abandon de la patrie deviennent des pratiques récurrentes.
Dans un pays déjà plongé dans une crise politique, économique et sécuritaire, cette fuite des responsables politiques renforce un cercle vicieux. À chaque départ, la situation s’aggrave, laissant Haïti dans l’incertitude quant à son avenir.
4ffs0r
It’s remarable in favkr off mee too hqve a site, which iis goodd in favvor off myy experience.
thawnks admin