Haïti-Crise : Les gangs kidnappent et tuent, l’État s’en fout, le peuple s’adapte

Malgré la situation désastreuse du pays, engendrée par la mauvaise gouvernance accumulée depuis plusieurs années, la lutte suicidaire pour le pouvoir, l’accumulation féroce des richesses du pays par les oligarques, enfin, la domination des gangs qui défient l’autorité de l’Etat, scindant le pays en zones de non-droit, paralysant presque toutes les activités, nous nous levons chaque jour, tentant à tout prix d’aller au travail par n’importe quel moyen, à n’importe quel prix comme si c’était normal. On fait des tweets, des posts, on s’apitoie sur son sort, on critique sans répit la classe politique déphasée et le gouvernement croupion, on attend les bras ouverts une intervention américaine pour mettre fin à nos malheurs, puis les jours passent et la situation se détériore. Notre regard attentiste à la situation actuelle du pays est révoltant.

Martissant depuis plusieurs mois déjà est une tombe à ciel ouvert. Les bandits tirent pratiquement sur tout ce qui bouge. La guerre des gangs avait déjà forcé les habitants de la zone à fuir leurs maisons sans aucune date de retour. Les rafales d’armes automatiques continuent de résonner dans les tympans des citoyens de Fontamara, de Carrefour-Feuilles, de Carrefour etc. les bandits n’ont pas de cibles, ils prennent pour proie tous ceux qui essaient en voiture privée, en bus, à moto et à pied de franchir le périmètre qu’ils ont établi comme frontière. On n’arrive plus à compter les morts et les kidnappés de la nationale #2 à hauteur de Martissant. Ils sont des centaines depuis le début de la guerre entre les gangs armés.

La situation de Martissant n’est toujours pas une préoccupation pour les autorités en place. Jovenel Moïse a été assassiné sans jamais se soucier du sort des victimes des massacres perpétrés par les gangs, Ariel Henry qui fait office de pantin au pouvoir se montre tout aussi insouciant de la situation chaotique du pays. Cette complicité de l’Etat qui donne carte blanche aux bandits nous éclate grandement à la figure. On est passé d’instabilités politiques aux massacres des gangs dans les bidonvilles, à la rareté de carburant dans les pompes à essence, à la guerre interminable des gangs de Martissant qui paralyse l’entrée Sud de la capitale, et aujourd’hui, à un blocage systématique par les gangs des endroits d’approvisionnement en produits pétroliers. Les camions-citernes qui parviennent à s’approvisionner sont détournés par les gangs, les chauffeurs pour la plupart sont kidnappés. Cette situation aujourd’hui a de graves conséquences sur le fonctionnement du pays dans son ensemble.

Sous le regard impuissant de l’Etat qui, définitivement, nous prend pour des canards sauvages, les gangs sont le seuls « Kòk Chante ». Le puissant chef de gang du ‘’G9’’, ‘’Barbecue’’ et ‘’Lanmò 100 jou’’ de ‘’400 Mawozo’’, agrandissent leurs territoires. Entretemps, les institutions de différents secteurs se voient obligées de réduire leurs heures de travail. Elles s’adaptent tout simplement. Le transport en commun livrée à lui-même, subit de plein fouet la pénurie d’essence. Les prix des circuits ont explosé. Cette situation affecte également les institutions scolaires qui commencent par modifier leurs horaires de travail. Les parents sont durement touchés par cette crise de carburant, avec la flambée des prix du transport en commun qui fonctionne déjà au ralenti, les prix des taxis motos exorbitants, ces derniers ne peuvent plus tenir le coup.

Le pays semble être foutu. Au milieu de toutes ces incertitudes, de l’absence totale de l’autorité de l’Etat, des gangs qui nous terrorisent et de cette crise sans précédent, nous nous retrouvons à la croisée de plusieurs ‘’Accords’’, qui ne reflètent en rien les problèmes du pays. C’est avant toute chose une lutte pour accaparer le pouvoir à des fins personnelles. Sans les nommer, les différents Accords, dont celui du docteur Ariel Henry, soutenu par plusieurs acteurs arrivistes, motivés par leur bien-être personnel au détriment de la population, ne répondent pas aux urgences de l’heure.

Ce qu’il faut aujourd’hui et avant toute chose, c’est un Accord qui vise à mettre les gangs hors d’état de nuire. Tout accord politique doit nécessairement passer par un accord sur l’anéantissement des gangs. Le pays est en souffrance, les gens meurent de faim, ils meurent sous des balles assassines, ils sont kidnappés. Si on continue à faire semblant ou à s’adapter au pire, comme nous le faisons à chaque fois, nous allons tout droit vers notre perte. Néanmoins, si nous décidons d’unir nos forces pour lutter contre les autorités politiques, contre ces acteurs politiques qui nous déçoivent à chaque fois, contre les bandits qui pourrissent notre existence, nous pourrons vivre librement et non comme des esclaves.

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