Haïti-Insécurité : les femmes en première ligne dans l’enfer des camps de déplacés
La crise humanitaire en Haïti s’intensifie de jour en jour, exacerbée par la violence des gangs armés qui transforment des quartiers entiers en zones de guerre. Des milliers de familles fuient leurs foyers, cherchant refuge dans des camps de déplacés internes qui, au lieu de représenter des havres de paix, deviennent le théâtre de nouvelles tragédies, en particulier pour les femmes et les jeunes filles.
La violence incontrôlée des gangs a des effets dévastateurs sur les populations. Selon le rapport d’octobre 2024 de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 700 000 personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays, plus de la moitié étant des enfants. Les maisons, les écoles et les centres de santé sont régulièrement ciblés par des attaques criminelles, laissant des communautés entières sans accès aux services essentiels.
Les gangs armés, contrôlant des territoires toujours plus vastes, imposent leur loi à travers la violence. Le Bureau intégré des nations unies en Haïti (BINUH) a enregistré plus de 2 500 décès et plus de 1 000 enlèvements entre janvier et juillet 2023, des chiffres alarmants qui soulignent la gravité de la situation. Pour ces groupes criminels, les enlèvements sont devenus une source lucrative, forçant des familles à payer de lourdes rançons, souvent au prix de leur stabilité financière.
Pour les familles fuyant cette violence, les camps de déplacés internes semblent offrir une solution temporaire, mais ces lieux cachent une autre réalité tragique. Les conditions de vie y sont déplorables : l’absence d’eau potable, de soins de santé, et de sécurité expose les déplacés à des abus constants.
Les femmes et les jeunes filles sont les plus vulnérables dans ces camps. Certaines sont contraintes d’échanger des relations sexuelles contre de la nourriture, de l’eau ou une protection, dans un climat d’exploitation facilité par l’absence totale d’autorité. Un rapport récent de Rebecca Bruny pour Ayibopost met en lumière la détresse de ces femmes, victimes d’une double peine dans une société gangrénée par la violence. Sous la pression des gangs qui règnent en maîtres, ces lieux, censés offrir un abri, se transforment en foyers d’exploitation sexuelle.
Face à cette situation intenable, des milliers de Haïtiens choisissent de prendre des risques extrêmes en fuyant le pays par la mer. Dans des embarcations de fortune, ils espèrent atteindre des terres plus sûres. Entre le 1er octobre 2023 et août 2024, les garde-côtes américains ont rapatrié 507 migrants vers Haïti, un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes, témoignant de l’ampleur de la crise humanitaire.
Le dernier rapport de l’OIM révèle une augmentation de 22 % du nombre de déplacés internes depuis juin 2024, particulièrement dans les zones de Gressier, à l’ouest de Port-au-Prince. Plus de 110 000 personnes ont fui leur domicile en sept mois seulement, illustrant la détérioration rapide des conditions de vie en Haïti.
Le calvaire des femmes dans les camps de déplacés internes en Haïti est une conséquence directe du chaos généré par la violence des gangs et l’effondrement de l’État. Alors que la communauté internationale tente d’apporter une aide humanitaire, la situation nécessite une réponse urgente et coordonnée pour garantir la sécurité des plus vulnérables. Ces femmes, qui ont déjà tout perdu, méritent mieux qu’un refuge précaire où leur dignité continue d’être bafouée.
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