Haïti : l’ONU dénonce un réseau de contrebande maritime entre les États-Unis et les gangs
Le dernier rapport du Groupe d’experts des Nations Unies sur les sanctions, remis aux autorités, met en lumière les méthodes de contrebande maritime qui alimentent l’insécurité en Haïti. Cette analyse détaillée des flux d’armes et de munitions illustre comment des chefs de gangs haïtiens s’appuient sur des réseaux de trafiquants établis en grande partie aux États-Unis. Ce système, bien que peu sophistiqué, s’avère redoutablement efficace en raison de ses fondations sociales et familiales, facilitant ainsi la circulation continue de petites quantités de matériel meurtrier vers le territoire haïtien.
D’après le rapport, le trafic entre les États-Unis et Haïti repose principalement sur des complicités locales et des liens de proximité, souvent établis entre des individus originaires des mêmes quartiers. Bien que chaque transfert soit minime, ces mouvements constants ont des effets dévastateurs, contribuant au flot incessant d’armes et de munitions sur le sol haïtien. Ce phénomène, appelé « trafic de fourmis », illustre comment les livraisons fragmentées deviennent exponentielles à mesure qu’elles s’accumulent, plongeant Haïti dans une crise de sécurité sans précédent.
Les trafiquants privilégient des stratégies discrètes, souvent basées sur l’achat d’armes par des prête-noms, et les envois en pièces détachées cachées dans des conteneurs surchargés. Cette méthode vise à échapper aux contrôles douaniers, permettant aux armes de passer entre les mailles du filet. Cependant, en avril dernier, une saisie majeure a eu lieu au port du Cap-Haïtien : 26 armes à feu et près de 1000 munitions ont été confisquées, une interception historique qui souligne la gravité du problème.
Les itinéraires de la contrebande, autrefois concentrés sur le port de Miami, ont récemment basculé vers Port Everglades, en Floride, à cause de l’intensification des contrôles sur le fleuve Miami. Port Everglades est désormais le principal point de départ des cargaisons destinées à Haïti, et les agents de l’ONU se sont rendus en juin dernier dans ce port pour comprendre l’évolution des méthodes de trafic.
Ce rapport révèle des réalités alarmantes sur la manière dont la contrebande, bien que modeste à première vue, s’accumule en un flux destructeur pour la sécurité du pays. À travers ce trafic soutenu par des liens transnationaux, des gangs armés prolifèrent en Haïti, compromettant davantage la stabilité et la sécurité d’une population déjà durement éprouvée.