Haïti ou la République de la banalisation de la vie

Ici, la vie ne vaut rien, la vie des gens ne compte pas. Ils meurent en toute impunité. On leur ôte la vie comme par enchantement. La vie de l’Haïtien en Haïti est une vie désespérée, une vie terrifiée, elle est constamment menacée par la mort.

Que vaut une vie en Haïti ? Que vaut la vie en Haïti? La vie dit-on, est faite pour être vécue. Néanmoins, vivre en Haïti est un défi permanent. Les conditions environnementales, sociales, économiques et politiques laissent à désirer. C’est une société caractérisée par l’injustice, l’inégalité, gangrenée par la corruption et rongée depuis des lustres par l’insécurité.

Vivre en Haïti, c’est s’exposer constamment aux conditions sanitaires dégradantes, aux conditions environnementales désastreuses, aux conditions sociales inégalitaires, et surtout aux balles assassines des gangs qui nous terrorisent Librement. La vie en Haïti dans de telles conditions ne vaut rien, le pays est invivable.

Si vivre en Haïti se révèle un défi, la vie des gens qui y vivent est de plus en plus banalisée. Les gens meurent, ils sont tués au vu et au su de tout le monde. Leur vie ne compte pas, elle ne vaut rien, parce que l’État n’assume pas ses responsabilités régaliennes, parce que l’État plus que jamais est source de corruption et véritable bras droit des gangs armés qui sèment la terreur en temps voulu.

Les récents assassinat de Me Monferrier Dorval, et de Grégory Saint- Hilaire sont l’évidence que la vie des gens en Haïti ne vaut rien. Le premier Me Dorval a construit sa vie. Il s’est instruit, il s’est forgé une personnalité, il s’est fait un nom, il s’est dévoué à son pays. Il lui a fallu un temps record pour construire sa vie. Et dans une fraction seconde, comme un château de carte, il est assassiné lâchement, parce que sa vie ne valait rien sur cette terre où la banalisation de la vie fait système.

Grégory Saint- Hilaire, un jeune étudiant de l’École Normale Supérieure a été assassiné dans l’enceinte même de l’établissement. Un espace de diffusion du savoir, inviolable du moins sur le papier. Il y était pour se construire, et en fait, il s’est fait un nom. C’était un étudiant modèle, avec des convictions qu’il partageait haut et fort. Et parce que sa vie ne valait rien dans cette Haïti où la méritocratie prime, il a été lâchement abattu.

Telle est notre triste réalité. On vit dans un pays où la vie et nos vies ne nous appartiennent pas. Nous sommes beaucoup trop exposés aux incertitudes. Notre quotidien est incertain, on s’efforce de vivre, on lutte pour survivre, mais on meurt facilement parce que nos vies ne comptent pas; elles ne valent rien.

Ricot Saintil/HIP

Crédit Photo: Nouvelliste

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