« Il représentait l’espoir de toute une famille ! », témoigne le père de Grégory Saint-Hilaire

Famille, proches et amis continuent de pleurer l’assassinat de l’étudiant Grégory Saint-Hilaire. Après le cri de la mère, c’est au tour de Verdieu Saint-Hilaire, son père, d’exprimer sa désolation. Le cœur déchiré, il a partagé son amertume au micro de la presse, en marge d’une manifestation organisée lundi 5 octobre 2020 par les étudiants de plusieurs entités de l’UEH.

Il ne pouvait piper mot samedi dernier, un jour après l’assassinat de son fils. Verdieu Saint-Hilaire, malgré la douleur, décide de s’adresser à un groupe de journalistes, et revenir sur ce qui s’est passé, 72 heures plus tard. « Mwen te lakay mwen, lè yo dim Gregory gen pwoblèm. Lè mwen rele l, mwen paka jwenn li. Lèm resi jwenn yon frèm, li dim se fizye yo fizye Gregory nan lekòl nòmal », raconte-t-il.

Le sexagénaire informe qu’il s’est rendu sur les lieux, et a vu son 3e fils, allongé sur une planche dans une salle de cours, recouvert d’un drap de couleur blanche. Pour Verdieu Saint-Hilaire, « c’est l’espoir de toute une famille qui est parti ». « Mwen te konn ap mache nan lari tankou moun fou. Gen moun ki konn ap dim poukisa m nan eta sa a ? Mwen toujou di se pou pitit mwen map travay, menm si yo ta pale m mal. Bondye ap fè pitit nou ba nou rekonpans. Efektivman, li tap travay pou l retire paran l nan move sitiyasyon », dit le père de Grégory.

La voix empreinte d’émotion et de colère, Verdieu souligne que son fils avait un rêve, qui était de « mettre son savoir au service de son pays », et aider sa famille. « Malgre tout jefò li fè pou li fòme tèt li, men rekonpans lan. Men sa ki banm plis pwoblèm, se paske se anndan lekòl li menm yo tire l… », se plaint le père de Gregory.

« Né et grandi à Cité Soleil, Grégory Saint-Hilaire s’était toujours donné un objectif. Il voulait avancer…», a dit Verdieu. Après des années vécues dans le plus grand bidonville du pays, les parents du jeune étudiant assassiné, avaient changé de quartier, direction : « Village de Dieu ». Dans ce quartier populaire réputé dangereux, où des hommes armés sèment la terreur presqu’au quotidien, M. Saint-Hilaire et sa femme ont décidé de construire une maison sur une portion de terre qu’ils ont achetée.

« Malgré la violence et le banditisme qui y règnent, il avait fait le choix de l’éducation », s’enorgueillit Verdieu Saint-Hilaire. Agé de 29 ans, Grégory Saint-Hilaire était étudiant finissant au département sciences sociales de l’École Normale Supérieure (ENS). Dans le même temps, il était en 2e année à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE).

Il a été assassiné vendredi 2 octobre dernier, lors d’un mouvement de protestation pour exiger le respect du protocole d’accord signé en 2010 entre le Ministère de l’Éducation Nationale et les responsables de l’ENS, qui permet aux étudiants finissant de devenir immédiatement stagiaires, avec possibilité de nomination dans une école publique.

Luckson Saint-Vil /HIP

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