Insécurité : Faut-il renouveler le mandat du BINUH dont l’échec n’est plus à démontrer ?

Dans la résolution 2476 du Conseil de sécurité des Nations-Unies définissant la mission du Bureau des Nations-Unies en Haïti (BINUH) le 25 juin 2019, le volet relatif à la réduction de la violence communautaire et la violence des gangs figurait dans l’agenda de l’appui technique à Haïti. Au bout de 3 années d’obligation, la situation sécuritaire du pays s’est nettement dégradée, mettant en débat l’obligation ou non de renouveler le mandat du BINUH.

En affirmant que la coalition des gangs armés de « G-9 an fanmi » est profitable au pays, la représentante du secrétaire général des Nations-Unies en Haïti, Helen Meagher Lalime, n’a fait que révéler une part de vérité déjà connue de tous. L’instance onusienne a trainé une réputation d’alimenter le banditisme et l’insécurité à travers des dispositifs scélérats pour justifier sa présence. Cette thèse tient également la route par le fait que bon nombre d’institutions républicaines haïtiennes, gardiennes de la démocratie et de la loi, périclitent.


La position non innocente de la cheffe du BINUH trouve résonnance via la suprématie exercée par les gangs qui mettent à mal la paix sociale. De nos jours, le crime est banalisé, le kidnapping est perçu comme un fait divers, le vol a une portée négligeable. Des criminels qui jadis exerçaient leur forfait à bas bruit, ont présentement pignon sur rue dans leurs pratiques mafieuses et déshonorantes. À la croisée de l’évolution du contexte déprimant haïtien, le renouvellement du mandat du BINUH revient sur le tapis. Faut-il renouveler l’expérience avec un organe onusien réputé promoteur de l’instabilité politique ?

Il est prévu dans la feuille de route du BINUH qu’il concentrerait ses actions sur deux principaux secteurs, à savoir conseiller le gouvernement haïtien pour promouvoir et renforcer la stabilité et la bonne gouvernance. Dans un autre registre, le BINUH devrait aider le gouvernement d’Haïti, dans un rôle consultatif, dans ses efforts dans plusieurs secteurs. Dialogues et réformes, élections, professionnalisation de la Police nationale d’Haïti (PNH), réformes judiciaires, réformes pénitentiaires, protection des droits humains et impunité figurent parmi les secteurs prioritaires à agir. Rien de positif à mettre à l’actif du BINUH durant ces trois dernières années. La crise socioéconomique s’est accrue, la mauvaise gouvernance triomphe, l’impunité a pris le pas avec un gouvernement de facto pratiquement passif, sourd aux appels de détresse de la population.

Dans ce bourbier, il importe aux forces sociales, organisations progressistes de s’engager pour rompre avec ce cycle infernal d’épreuves. En date du 21 juin dernier, des organisations sociales dont Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA), Alternative Socialiste (ASO), Mouvement de liberté, d’égalité pour la fraternité entre les haïtiens (MOLEGHAF), ont enjoint la Russie et la Chine à s’opposer au renouvellement du mandat du BINUH qui court à terme le 15 juillet prochain. Cette demande trouve justification dans l’évaluation de la mission pour laquelle les résultats se révèlent catastrophiques.

« Tenant compte de l’échec incontestable des diverses missions déjà déployées et leur responsabilité dans la déstabilisation du pays, ce qui se révèle dans ce cas approprié et logique est le vote d’une résolution mettant fin à cette série de missions onusiennes, inutiles, illégales et déstabilisatrices. La Fédération de Russie a donc un rôle crucial à jouer en refusant la voie de la complicité dans la déstabilisation d’Haïti en s’opposant au renouvellement pur et simple du mandat du BINUH », ont écrit les responsables de ces organisations sociales et politiques.

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