« La BNC n’est pas en faillite », rassure le Gouverneur de la BRH Ronald Gabriel
Lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi, Ronald Gabriel, Gouverneur de la Banque centrale d’Haïti (BRH), a pris la parole pour faire le point sur la situation de la Banque nationale de Crédit (BNC). Répondant aux rumeurs alarmantes circulant depuis quelques semaines, M. Gabriel a fermement assuré que la BNC n’est pas en faillite. Il a néanmoins reconnu que de nombreuses entreprises ayant contracté des prêts auprès de la banque font face à des difficultés pour rembourser leurs dettes, en raison du contexte économique et sécuritaire du pays.
Le Gouverneur a expliqué que l’équipe de gestion en place à la BNC s’efforce actuellement de renforcer les mécanismes de contrôle interne et de surveillance des risques. L’objectif principal de ces efforts est de stabiliser les opérations de la banque et de garantir une meilleure gestion des prêts, un enjeu critique dans un environnement aussi incertain. Cette déclaration visait à dissiper les inquiétudes croissantes du public et des investisseurs, qui redoutaient une éventuelle crise financière au sein de cette institution d’État.
M. Gabriel a aussi souligné les graves conséquences de la crise sécuritaire qui secoue Haïti sur le système bancaire national. Les violences perpétrées par les gangs ont lourdement impacté le fonctionnement des banques et des entreprises à travers le pays. À ce jour, 59 succursales de banques commerciales sont inopérantes, ayant été vandalisées, pillées, ou simplement fermées pour des raisons de sécurité. Cette situation a conduit à la mise en difficulté de 122 milliards de gourdes de prêts contractés par des entreprises, ce qui représente une véritable menace pour la stabilité financière du pays.
En termes de statistiques, 307 entreprises peinent actuellement à rembourser leurs emprunts auprès des banques. Par ailleurs, 969 petites et moyennes entreprises (PME) ont été vandalisées ou sont devenues dysfonctionnelles à la suite des attaques violentes orchestrées par des groupes armés. Pour tenter d’alléger cette pression, la BRH a mis en place un moratoire sur 117 prêts, offrant aux entreprises concernées un délai supplémentaire pour trouver les fonds nécessaires au remboursement.
Lors de son intervention, Ronald Gabriel a également évoqué la situation précaire de la Banque populaire haïtienne (BPH), une autre institution bancaire publique. Selon le Gouverneur, la BPH traverse une période critique, tant en ce qui concerne sa gouvernance que ses performances financières. Actuellement, les fonds propres de la banque sont dans le rouge et la quasi-totalité de son portefeuille de prêts est jugée improductive, ce qui signifie que l’institution éprouve d’énormes difficultés à récupérer les sommes prêtées.
Face à cette situation inquiétante, une commission de restructuration a été mise en place pour évaluer l’état de la banque. Cette commission dispose de 90 jours pour établir un diagnostic complet de la BPH et soumettre des recommandations visant à redresser la banque. Le sort de cette institution repose donc sur les mesures qui seront adoptées dans les semaines à venir pour éviter un effondrement.
Malgré les défis, Ronald Gabriel a insisté sur le fait que la BNC continue de fonctionner normalement et que ses équipes sont pleinement mobilisées pour affronter les difficultés actuelles. En rejetant les spéculations sur une éventuelle faillite de la BNC, il a cherché à restaurer la confiance dans le système bancaire haïtien. Le Gouverneur a conclu en affirmant que la BRH suivra de près la situation des banques commerciales du pays et continuera de prendre des mesures pour assurer la stabilité financière, malgré l’impact dévastateur de l’insécurité sur l’économie nationale.
Ainsi, bien que la crise soit loin d’être terminée, les autorités financières du pays semblent déterminées à empêcher un effondrement du secteur bancaire, en particulier pour les institutions publiques comme la BNC et la BPH, qui jouent un rôle clé dans le développement économique du pays.