La pièce de monnaie d’ « une gourde », une « pestiférée » dans l’économie haïtienne

À l’instar de la pièce de monnaie de 50 centimes, la pièce d’« une gourde » est sur le point de disparaitre dans l’économie haïtienne. De nos jours, que ce soit dans la capitale où dans les villes de province, aucune petite ou moyenne entreprise n’accepte d’être payée en cette monnaie, prétextant qu’elles ne pourront pas l’utiliser pour s’acheter des marchandises chez des grossistes.

Mirande Saint-Louis est une cheffe d’entreprise spécialisée dans la vente des produits alimentaires en gros et au détail localisée au niveau de Delmas 32. Elle a intimé l’ordre à ses trois employés de ne plus recevoir la pièce de monnaie d’une gourde, arguant que l’entreprise dispose d’une somme de ces pièces évaluée à six cent gourdes que ni ses acheteurs ni ses fournisseurs ne veulent accepter.

Cette réalité s’étend à d’autres secteurs de la vie nationale, dont celui du transport en commun. Pour mettre à l’épreuve le sang-froid d’un conducteur d’un véhicule de transport public, il suffit de lui payer en pièce de la gourde en tant que passager et sa réaction serait inéluctablement plus que brutale.

Johnny Charles se rappelle une mauvaise aventure qu’il a eue avec un chauffeur qui assure le transport Pétion-Ville-Delmas. Alors qu’il descendait du véhicule et tendait sa main droite au conducteur pour lui payer l’argent du transport, ayant aperçu la présence de quelques pièces d’une gourde, ce dernier lui a jeté sans hésiter l’argent à la figure, raconte ce jeune, qui a dû réagir pour se défendre.

Le refus systématique des citoyens de recevoir la pièce de monnaie d’une gourde résulte de la situation d’inflation galopante à laquelle le pays fait face ces derniers temps, de l’avis de l’économiste Enomy Germain. Laquelle situation occasionne la perte de la valeur des pièces de monnaie, dont la fonction principale est de faciliter les transactions dans l’économie du pays, atteste monsieur Germain.

Ces pièces appelées monnaies divisionnaires en économie coûtent très chères à la Banque de la République d’Haïti. Rien que pour la fabrication d’une seule, la BRH dépense 3,60 gourdes, rapporte l’économiste. Pour corriger cette situation, Enomy Germain préconise une campagne de débilisation de la part de la Banque Centrale auprès de la population et des acteurs économiques du pays sur l’importance de ces pièces dans la transaction économique sur le territoire.

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