La PNH, bras armé d’un pouvoir délinquant !
La machine répressive de Jovenel Moïse est en marche. Les citoyens paisibles n’ont plus le droit de s’exprimer librement, ni d’organiser des marches pacifiques visant à dénoncer les dérives du pouvoir en place et à réclamer une société plus juste et égalitaire.
La violence policière devient une arme redoutable entre les mains du pouvoir en place qui, parallèlement, donne carte blanche aux bandits armés qui ne cessent de terroriser la population et circulent en toute impunité. Tandis que la police s’acharne à empêcher tout mouvement de citoyens honnêtes contre le pouvoir en place.
Et pour preuve, deux sit-in, organisés sous l’impulsion du collectif ‘’ Nou Pap Dòmi’’, pour dénoncer la complaisance du pouvoir en place face à la prolifération des gangs armés, l’insécurité grandissante qui règne dans le pays et réclamer justice pour toutes les victimes, ont été dispersés devant le ministère de la justice et de la sécurité publique dans moins de deux semaines, brutalement par les forces de l’ordre, plus que jamais « Forces de répression ».
Paradoxalement, les bandits armés étaient dans les rues ce mardi. Ces derniers, lourdement armés, ont circulé librement sans aucune contrainte policière. Vraisemblablement, ils avaient des revendications, selon ce qu’ils ont laissé entendre. La police est restée sans réaction, tout compte fait les policiers n’ont pas reçu l’ordre de mater les bandits contrairement aux deux mouvements pacifiques qu’ils ont littéralement réprimé.
L’inaction des forces de l’ordre face aux dérives des gangs armés est la preuve flagrante de la complicité de l’Etat et de sa connivence avec ces derniers. Les marches pacifiques et les manifestations de rues ont toujours été une arme défensive aux mains des déshérités, des démunis, des victimes de ce système érigé depuis l’assassinat de l’Empereur. À chaque fois que le besoin se fait sentir, la population, nombreuse ou pas, investissent les rues pour dénoncer, critiquer, protester et faire des propositions de sortie de crise et d’amélioration de ses conditions de vie.
Depuis deux ans, le besoin de marcher, de manifester est constant au milieu de la population, pris en otage par le pouvoir en place. Depuis les émeutes de juillet 2018, suivies des manifestations orchestrées autour du mouvement ‘’Petro challenger ‘’, jusqu’au ‘’pays lòk’’ (Paralysie totale de toutes les activités), la volonté ardente de changement social et politique manifestée par la population haïtienne ces deux dernières années n’a pas changé d’un iota, au contraire elle s’est renforcée. Elle est plus que jamais renforcée, compte tenu de la situation désastreuse à laquelle fait face la population haïtienne. La misère s’est accrue, les conditions de vie se sont détériorées, le chômage bat son plein, le pouvoir d’achat avec la dépréciation de la gourde est au point mort, et l’insécurité nous guette, donc le pays est au bord de l’éclatement. Toutes les conditions sont réunies pour un éclatement social.
Le défilé des hommes armés dans les rues de la capitale ce mardi en toute tranquillité, est la preuve irréfutable que le pouvoir en place participe à l’effondrement total de l’Etat haïtien, et aplanit le chemin pour la légalisation du banditisme en Haïti. Parallèlement, la répression qu’exerce la police nationale d’Haïti sur les citoyens paisibles, voulant manifester dans le respect de la constitution, est la preuve que le gouvernement en place n’est pas soumis à la loi, au contraire il la piétine.
Le verre n’est ni à moitié vide, ni à moitié remplie, elle est vide. Nous ne sommes plus sous l’égide de la constitution de 1987, nous ne sommes plus dans une démocratie où le pouvoir arrête le pouvoir pour qu’il n’y ait pas d’abus (Montesquieu, l’Esprit des lois).
Nous sommes aujourd’hui dans un pays, où les gangs armés sont rois, où la corruption est un mode de gouvernance, où les gens de biens sont les ennemis du pouvoir et sont donc persécutés. Nous sommes dans un pays qui, malgré tout, aura toujours la force nécessaire pour se relever et aller de l’avant.
Ricot Saintil / HIP