Le constat alarmant d’un peuple meurtri face au séisme dévastateur du 14 août 2021

L’esprit de solidarité dont font montre les Haïtiens du terroir et ceux d’ailleurs vis-à-vis des victimes du séisme meurtrier du 14 août dernier dans les départements du Sud, des Nippes et de la Grand-anse, est sans égal. Cette volonté manifeste des uns et des autres de venir en aide aux personnes blessées, de secourir celles qui sont sous les décombres et d’apporter à manger et à boire aux survivants et aux sinistrés, met en lumière l’attachement viscéral et l’amour qui anime l’être haïtien vis-à-vis de son prochain quand le besoin se fait sentir. C’est réjouissant de voir une telle attitude, quand on sait que les hommes politiques de ce pays ont jusqu’ici fait preuve d’incapacité à s’unir autour des intérêts supérieurs d’Haïti.

Cet esprit d’entraide manifesté depuis ce séisme dévastateur dans le Sud ne doit en aucun cas détourner le regard critique que l’on doit porter sur l’irresponsabilité de ceux qui nous ont gouvernés depuis le séisme du 12 janvier 2010, qui a emporté sur son passage des milliers de citoyens haïtiens. 11 ans après ce drame, aucune mesure n’a été prise par l’Etat haïtien afin de faire face aux catastrophes naturelles auxquelles Haïti est constamment exposée. Le séisme du 14 août 2021 met à nu les mensonges de Jovenel Moïse, menteur effronté, qui déclarait haut et fort que « le pays est aujourd’hui mieux préparé pour faire face aux catastrophes naturelles ». Malheureusement, il n’est pas là pour constater par lui-même les dégâts importants causés par le séisme et surtout l’incapacité des villes touchées à faire face aux dommages enregistrés. Heureusement, il n’est pas là pour nous cracher en pleine figure en nous faisant croire que tout est sous contrôle, malgré les pertes en vies humaines, les blessés et les biens détruits. De toutes les manières la vie du peuple haïtien n’a jamais compté pou celui qui a livré un pays en pâture aux gangs et augmenté la misère de la population.

La réalité c’est que, 12 janvier 2010 a été l’occasion pour certains hommes puissants de s’enrichir au détriment des victimes du séisme meurtrier. C’était l’occasion pour les membres de la CIRH, pilotée par l’ancien président américain Bill Clinton, de chier sur les espoirs de changement du peuple haïtien qu’ils considèrent comme des moins que rien. Rien de concret n’a été réalisé avec les millions de dollars de dons destinés à soulager le calvaire des familles victimes qui dormaient à la belle étoile, sous des tentes sans aucun espoir réel pendant des mois. L’aide internationale encore une fois a été mal gérée, ou du moins elle a été utilisée à d’autres fins. Le séisme du 14 août 2021, va faire sortir des rats affamés de leurs trous, qui vont chercher par tous les moyens de faire leur beurre. Des mesures seront annoncées, l’aide externe et interne va arriver, les medias vont jouer des musiques de circonstances, les réseaux sociaux vont s’enflammer, les pays dits amis vont se faire remarquer, mais les problèmes resteront entiers.

La réalité c’est que les élites intellectuelles colonisées de ce pays, les détenteurs des richesses du pays et les hommes politiques qui se sont succédé au pouvoir ont travaillé uniquement à rendre le pays plus vulnérable que jamais. Le sort de la population n’est pas une priorité, d’ailleurs elle ne compte pas. L’environnement, l’économie, l’éducation, le développement, l’emploi… ne sont pas des priorités pour eux. Cette communauté internationale qui apporte de l’aide pour la plus part n’en a rien à foutre réellement du peuple haïtien. Elle n’écoute jamais le cri de désespoir, l’appel à l’aide des Haïtiens quand ils le réclament. Nous avions réclamé de l’aide de la communauté internationale pour nous aider à combattre le kidnapping, à faire face à la terreur des gangs, à constater la fin du mandat de Jovenel Moïse, elle n’a absolument rien fait, au contraire, elle a soutenu aux mépris des intérêts populaires le pouvoir sanguinaire de Jovenel Moïse.

Certes, l’urgence de l’heure nous oblige à tout mettre en œuvre pour aider les victimes de ce séisme meurtrier. Néanmoins, il faut par la même occasion rappeler aux corrompus, aux dilapidateurs et aux autorités passées et actuelles l’impérieuse obligation qui leur incombe de rendre des comptes au pays. Les familles des victimes devraient se mettre ensemble pour réclamer justice pour leurs proches qui sont morts par faute de soin. D’un autre côté, la demande citoyenne « kote kòb petwokaribe a » doit être permanente. On ne peut pas laisser les voleurs et les dilapidateurs de l’argent du pays marcher en toute impunité, on ne peut pas laisser des députés, des sénateurs, des ministres et autres qui avaient la responsabilité de gérer les biens de l’Etat aux profits des intérêts collectifs continuer à nous mentir effrontément ou à nous faire la leçon. Il faut nécessairement commencer par identifier les imposteurs, les traîtres, les ennemis de la nation et les politiciens de mauvais plumages pour les rayer de la carte, afin de donner un souffle nouveau au pays.

11 ans après, nous voici en train de reprendre en chœur la même chanson. Ceux qui sont morts le 14 août 2021, le sont pour les mêmes raisons que ceux qui sont partis le 12 janvier 2010. Preuve que nous n’avons pas tiré les leçons du passé. Un autre séisme de même magnitude que celui de 2010 ou du 14 aout 2021 dans d’autres départements du pays fera autant de dégâts et même plus encore, parce que nous ne sommes pas conscients que notre pays est traversé par des failles sismiques qui peuvent à n’importe quel moment nous demander des comptes. Si rien n’est fait de manière drastique dans notre façon de choisir nos dirigeants, de construire etc., nous continuerons à pleurer les morts à chaque catastrophe naturelle de grande envergure.

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