Le symbolisme du 7 février en Haïti : Entre dénaturation, tractations et terreur

7 février, étape importante dans l’histoire de la démocratie en Haïti. Cette date, tous les cinq ans, doit marquer la fin de mandat d’un président et l’entrée en fonction d’un autre, élu au suffrage universel. Depuis plus d’une décennie, ce jour a perdu sa vraie nature où, à au moins trois reprises, aucun président élu n’a prêté serment, sans compter la multiplication des tractations dans l’idée de garder le pouvoir. Ainsi, la peur s’installe en Haïti, particulièrement ce lundi 7 février 2022 où rien ne fonctionne dans le pays.

On se rappelle, par exemple, René Préval qui avait remis le pouvoir trois mois après la date butoir. Aussi, PHTK dans toutes ses versions, réputées pour leur incapacité à réaliser les élections, ont continué dans le même sens. On avait fait cette expérience en 2016 avec Michel Joseph Martelly qui n’avait organisé aucune élection pour enfin être obligé de remettre l’écharpe présidentielle au Parlement qui avait élu Jocelerme Privert pour assurer la continuité du processus électoral. Avec Jovenel Moïse, dauphin de Martelly, l’histoire s’est répétée. En cinq ans, il n’a organisé aucune élection tant pour les collectivités, le renouvellement du Parlement que pour la Présidence. Cela a occasionné, dans un premier temps, la caducité du Parlement, dans un second temps, la nomination d’agents exécutifs intérimaires dans les Mairies, mais aussi Jovenel Moïse était allé au-delà son mandat et avait voulu rester au pouvoir jusqu’au 7 février 2022, soit un an après la fin de l’échéance constitutionnelle. Des mercenaires ont eu raison de lui…

Ceci étant dit, il n’y a pas eu de prestation de serment d’un nouveau président en 2021, ni en 2022, malgré la présence d’Ariel Henry aux commandes, l’ultime choix de M. Moïse avant son assassinat.

En conséquence, cette date perd sa nature. Elle n’est plus cette référence démocratique qu’elle était jadis, comme le veut la Constitution en vigueur. Entretemps, en plus de perdre son identité, la terreur plane sur le territoire ce lundi 7 février 2022 où le pays s’est réveillé très timidement, toujours sans président malgré les démarches de l’Accord de Montana. Les gangs armés sont seuls maîtres et seigneurs du jeu.

Les écoles sont restées fermées, absence totale des élèves dans les rues, circulation au ralenti, des tirs d’armes à feu retentissent dans certains endroits de la région métropolitaine. C’est le cas d’ailleurs de l’inévitable Martissant, de Croix-des-Bouquets, notamment à Duval, Rue Falaise et à Nouailles. Une situation qui laisse le pays dans l’incertitude où à n’importe quel moment, n’importe quoi peut se produire.

Parallèlement, Ariel Henry reste toujours en poste comme Premier Ministre pour se la couler douce. Joseph Lambert, Président du Sénat, durcit le ton contre le gouvernement qui, selon les sénateurs, ne fait que liquider les affaires courantes. De même, Fritz Alphonse Jean, Président élu de l’Accord de Montana, continue de multiplier les rencontres sans savoir ni quand ni comment il sera investi ses fonctions. Avenir incertain pour Haïti où le train de l’insécurité sociale, économique et politique a atteint sa vitesse de croisière, et les cas d’enlèvement s’intensifient chaque jour.

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