Léon Charles réussira -t-il ce qu’il ne pouvait pas en 2005 ?
Après 15 ans d’absence sur la scène, Léon Charles fait son grand retour à la tête de la Police Nationale d’Haïti. La nomination du remplaçant de Rameau Normil suscite déjà commentaires et interprétations. Le parcours d’un DG qui n’a pas pu donner de résultat, mais nommé par le Président Jovenel Moïse, dans un contexte de recrudescence de l’insécurité en Haïti, interpelle.
C’était pratiquement la nouvelle du jour. L’arrêté présidentiel nommant le citoyen Léon Charles, Directeur Général de la PNH circulait sur les plateformes des réseaux sociaux. Quelques minutes plus tard, des journalistes et internautes avisés déterrent des articles de presse relatant le parcours de M. Charles à la tête de l’institution policière entre 2004 et 2005. Des documents qui présentent Léon Charles comme étant un DG incapable de répondre à la terreur qui s’installait à Port-au-Prince après le départ de l’ex-Président Jean Bertrand Aristide.
_« Mario Andrésol aura à remplacer à ce poste un Léon Charles incapable de ramener le calme à la capitale après le déclenchement de « l’opération Bagdad » le 30 septembre 2004 », lit-on dans un article paru le 19 juillet 2005 dans les colonnes du journal Le Nouvelliste.
Selon le quotidien haïtien, « Léon Charles, durant ses seize mois de commandement, a surtout été affaibli par les effets de la guérilla urbaine et le phénomène de kidnapping qui rythmaient le quotidien haitien ».
Durant son passage à la tête de la police nationale, il a désespérément combattu l’insécurité surtout après le don de matériels (véhicules et gilets pare-balles) reçu de l’ambassade américaine à Port-au-Prince. « L’ancien responsable des garde-côtes s’en va en laissant une capitale en proie à l’insécurité. Plus d’un millier de personnes et environ une cinquantaine de policiers ont été tués au cours des derniers mois, alors que des bandits réclament des sommes astronomiques en échange de la libération de personnes kidnappées », avait écrit Le Nouvelliste.
En 2005, Léon Charles avait laissé derrière lui une capitale livrée aux bandits, où la terreur régnait dans plusieurs quartiers réputés dangereux tels Bel-Air, Delmas 2, Solino, Sans-fil et Cité Soleil.
Paradoxe ! 15 ans après, il est nommé Directeur Général a.i de la PNH par le Président Jovenel Moïse, avec la mission de faire face à une insécurité grandissante qui règne dans plusieurs villes du pays particulièrement Port-au-Prince. Cas répétés de kidnapping, meurtres, vols, viols… le remplaçant de Rameau Normil aura du pain sur la planche. Le nouveau patron de la Police Nationale d’Haïti aura également à contrecarrer des groupes armés qui se sont fédérés depuis quelques temps, et qui sont réputés « proches du pouvoir en place ». Léon Charles aura à passer son premier grand test en tant que DG a.i de la PNH le 18 novembre prochain, où l’opposition politique s’apprête à manifester dans plusieurs villes du pays, pour continuer d’exiger le départ du Chef de l’Etat.
Notons que Léon Charles avait été muté à Washington, au poste de ministre-conseiller à l’Ambassade d’Haïti, après avoir été remplacé par Mario Andrésol en 2005. Avant sa nomination, il occupait le poste d’ambassadeur d’Haïti à l’Organisation des Etats Américains (OEA). Originaire de Bocho, une localité de Bocozelle, 5ème section communale de St-Marc, Léon Charles est un ancien membre des Forces Armées D’Haïti (FAD’H). Sin cas marque une nouveauté, car il est l’unique directeur général à être démissionné avant d’être nommé pour une nouvelle fois à la tête de la PNH.
Luckson Sainvil /HIP