Les agissements du commissaire Muscadin, « exemples flagrants » du grand banditisme d’Etat

Haïti fait face depuis quelques temps au grand banditisme d’Etat qui résulte de la mauvaise gouvernance et de l’absence de l’état de droit. Ce sont deux fléaux qui fragilisent les institutions et qui donnent droit à des débordements et des agissements contraires aux principes de droit. Face à l’insécurité grandissante orchestrée par les gangs et entretenue par l’Etat, face aussi à l’indifférence des autorités en place qui n’emploient pas les grands moyens pour mater les gangs, la population s’accroche aveuglement à n’importe quelle autorité manifestant une certaine volonté à mettre hors d’état de nuire les bandits, peu importe les moyens et voies utilisés. C’est ainsi que le commissaire du gouvernement de Miragoâne, Jean Ernest Muscadin s’est taillé une réputation ‘’d’ennemi des bandits’’ dans les Nippes, qu’il traque comme des bêtes sauvages et qu’il exécute sommairement en dehors de tout cadre légal.

Le commissaire Muscadin symbolise l’œuvre parfaite du pouvoir PHTK, fortement attaché au banditisme d’Etat. Ce phénomène (banditisme d’Etat) s’exprime par la violation flagrante de la loi, et le non-respect des institutions de la République. Véritables piliers de la démocratie moderne, les institutions démocratiques haïtiennes déjà faibles avant le règne de PHTK, sont caduques (parlement), bancales (justice), affaiblies (Cour des Comptes), inféodées (parti politique) etc., et ne peuvent plus répondre à leurs obligations. La déstructuration des institutions est une stratégie des Phtkistes visant à les faire passer comme étant des obstacles à la bonne marche du pays, afin qu’ils puissent diriger en dehors du cadre légal.

Quand il ne reste plus rien des institutions, et qu’au même moment la situation générale du pays se détériore, ceux qui sont au pouvoir en profitent pour exécuter leur plan. Jovenel Moïse a été le principal bénéficiaire de la caducité du parlement qu’il avait lui-même provoquée, et de l’amputation de la cour de cassation. Le pouvoir a volontairement laissé les gangs prendre possession de plusieurs quartiers de la capitale, il a laissé le kidnapping s’installer définitivement dans notre vie quotidienne, il a laissé l’insécurité devenir notre pain quotidien, pour faire passer la police comme une institution fantoche, incapable de faire échec aux bandits, incapable d’endiguer l’insécurité. Ainsi, tout individu capable de mener des actions contre les malfrats sont considérés comme des sauveurs, c’est de cette manière que Muscadin malgré ses actes illégaux bénéficient des sympathies de plusieurs franges de la société.

C’est de bon droit que les organismes de défense des droits humains montent au créneau pour dénoncer les méthodes du commissaire de Miragoâne, qui sont contraires à la loi. Ceux qui sont chargés d’appliquer la loi ne devraient en aucun cas être des hors-la-loi, peu importe les conditions dans lesquelles ils exercent leur travail. C’est de bonne guerre que les autorités responsables mettent en déroute les bandits. Il faut les traquer pour les éliminer le cas échéant, mais s’ils sont maitrisés, il faut avoir recours aux procédures tracées par la loi. « La loi est dure, mais c’est la loi » dit-on.

Le commissaire Muscadin consciemment fait le jeu du PHTK, qui travaille journellement à rayer le pays de la carte démocratique. Les commissaires quels qu’ils soient ne pourront aucunement travailler à mettre fin à la suprématie des gangs s’ils ne sont pas attachés aux principes de droit. Les gangs armés doivent avoir peur de la police et de la justice, mais les gangs qu’il faut véritablement combattre pour arriver à éliminer ceux qui portent les armes et qui procèdent aux enlèvements et aux assassinats, sont les hommes politiques qui fournissent les armes et munitions, les oligarques corrompus et l’Etat prédateur, principal garant des gangs du pays. L’ affaire Muscadin est une violation de la loi qui prouve le degré de cynisme de l’Etat à travers les dirigeants passés et actuels qui n’ont rien fait pour soulager les douleurs de la population.

Bouton retour en haut de la page