«Les kidnappeurs ont été mis au courant de ce que j’ai rapporté à la DCPJ», témoigne une victime

Elle s’appelle Joana Dorcéus. Elle a été enlevée en janvier 2021. Relâchée après quatre jours, elle est allée faire une déposition à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ). Quelques jours plus tard, les ravisseurs l’ont appelée pour lui dire qu’ils sont au courant de tout ce qu’elle avait rapporté aux enquêteurs de la DCPJ et ils ont menacé sa famille. C’est ce qu’a raconté la victime ce mardi 12 octobre 2021 au micro de Radio Magic9, après avoir fui le pays.

«Le 17 janvier 2021, j’étais dans ma voiture aux environs de 8 heures PM, sur le point de rentrer chez moi. J’étais au téléphone avec la servante pour lui demander de m’ouvrir la barrière. Non loin de la maison, un jeune homme armé s’est arrêté devant ma voiture. J’allais foncer sur lui quand deux autres ont apparu et ont tiré en direction du véhicule. Ensuite, les ravisseurs ont pris la voiture et on mis un sachet noir dans ma tête pour m’empêcher de crier », raconte Joana aux micros des journalistes. Elle a aussi rapporté qu’elle ne savait pas où se dirigeaient exactement les ravisseurs. Cependant, elle a passé quatre jours entre leurs mains et a été libérée le 21 janvier 2021 vers minuit.

«Après être rentrée chez moi, les membres de ma famille ont mis la DCPJ au courant de ma libération. Le lendemain, je suis allée faire une déposition à la DCPJ. Peu de temps après, les ravisseurs m’ont appelée pour me rapporter tout ce que je venais de dire aux enquêteurs», poursuit Madame Dorcéus. Elle a été contrainte de fuir le pays quelques jours plus tard puisque, selon ses dires, les malfrats ont menacé sa famille, une de ses sœurs qui habite à Pernier et un motocycliste proche de la famille.

«Mwen te eseye reprann mwen. Men aprè m te fin ale nan yon kominyon Tomasen, yo rele yon chofè moto m pou di ke m ap vin ouvè kò m nan Tomasen, mwen fè DCPJ arete kèk nan yo, genlè m panse yo pa gen fanmi. Yo di y ap vin pou mwen, y ap vin pete tèt mwen, yo gen kontwòl mwen e yo konn ki kote m rete», relate Joana Dorcéus, soulignant qu’en plus de cette peur bleue qui l’habite, cela l’a poussée à quitter le pays ainsi que sa famille.

Joana Dorcéus annonce pour le 13 octobre 2021 la sortie de «Ban m lavi m», une musique qui raconte sa péripétie et qui, selon elle, veut mettre les kidnappeurs en face de leurs victimes pour au moins comprendre leurs peines.

Si Joana Dorcéus s’arme de courages et raconte comment les enquêteurs de la DCPJ ont sûrment une liaison avec les kidnappeurs, elle n’est pas la seule personne ayant été victime en ce sens. Aussi, faut-il le rappeler, Ti Grèg ainsi connu, le chef de gang de Delmas 95, avait rapporté que plusieurs policiers sont impliqués dans des actes de kidnapping en Haïti. À qui faut-il se fier, si ceux qui sont placés pour nous protéger sont en même temps les bourreaux qui nous pourchassent?

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