L’impopularité grandissante de Jovenel Moïse, un obstacle à la mise en place d’un CEP?

Depuis l’adoption de la constitution de 1987, consacrant la démocratie comme nouveau système politique dans le pays après la rupture avec la dictature des Duvalier, le pays n’a jamais connu un président aussi décrié et impopulaire que Jovenel Moïse. Conséquence directe et logique de son ignorance du pouvoir politique et de ses promesses fallacieuses. Son impopularité grandissante dans un contexte socio-économique et politique délétère, est-elle un obstacle à la mise en place d’un CEP ?

La démission en bloc du Conseil Électoral Provisoire présidé par Léopold Belanger, fragilise selon plusieurs observateurs la situation du locataire du Palais national, contesté par presque toutes les couches de la population. Dans un contexte de grande instabilité politique, d’absence quasi-totale du Parlement, de dépendance du Pouvoir judiciaire à l’Exécutif et surtout d’insécurité institutionnalisée, Jovenel Moïse, met déjà le cap sur la formation d’un nouveau CEP.

Jovenel Moïse, ne s’est jamais montré à la hauteur de la tâche de premier citoyen haïtien. Au contraire il s’est montré indigne de la fonction qu’il occupe. Ses promesses de campagne se sont révélées fallacieuses. Le slogan « Nèg Bannan n nan » est parti en fumée, son « Karavan Chanjman » a disparu, son « Kouran 24/24 » a été une véritable arnaque. Donc, c’est un président qui s’est fourvoyé, et est aujourd’hui la risée de la population haïtienne.

L’homme d’Agritrans, à ce moment précis de son mandat est décrié par la population haïtienne dans toutes ses composantes. Du budget criminel, dont les masses étaient les principales victimes, en passant par les émeutes des 6, 7 juillet, suivis du mouvement Petrochallenge, réclamant la restitution du fonds PetroCaribe et l’arrestation des dilapidateurs, également le mouvement « peyi lòk » exigeant le départ de Jovenel Moïse pour incapacité de diriger et enfin la flambée de l’insécurité avec la complicité du pouvoir en place avec les chefs de gangs, on assiste a l’effondrement total des institutions du pays, à un orgueil démesuré du président de la République, mélangeant, pouvoir, autorité et excès de zèle. Il est nationalement le président le plus impopulaire des 30 dernières années.

Fort de ces considérations, la société haïtienne, dans son ensemble, les acteurs de la société civile et les acteurs politiques n’ont aucune confiance en Jovenel Moïse. Ce qui constitue un obstacle majeur à la formation du nouveau CEP. Pourtant, la Présidence, dans sa folie cynique, a déjà mis la machine en branle pour aboutir à la formation d’un nouveau CEP; certains secteurs sont déjà contactés en ce sens, mais des voix s’élèvent déjà pour dénoncer cette offensive du pouvoir en place. Pour plusieurs secteurs de la vie nationale, rien n’est possible avec Jovenel Moïse.

Tout compte fait, il revient, au regard de la constitution haïtienne, au président de la République de s’assurer de la bonne marche des institutions. Par conséquent, il est du ressort de Jovenel Moïse d’agir en conséquence. Néanmoins, ce dernier n’a fait qu’enfoncer le pays dans des impasses sans issues. Aujourd’hui c’est un pays à genoux, qui met en garde le président contre ses velléités dictatoriales, c’est un pays où l’insécurité fait rage, où les gangs s’installent confortablement et font régner leurs lois. Comment donc, mettre le cap sur la mise sur pied d’un nouveau CEP, sans un tenir compte des irritants de la population? En somme, la méfiance totale du peuple haïtien à l’égard du président de la République est sans nul doute un handicap à la formation d’un Conseil Électoral Provisoire.

Ricot Saintil/ HIP

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