Martissant pris entre banditisme, insalubrité et coronavirus…

Les pluies dilluviennes qui se sont abattues sur Port-au-Prince, dimanche dernier, ont inondé comme d’habitude, Martissant et ses environs. Les piétons, les motards et les automobilistes ont eu toutes les peines du monde à circuler à l’entrée Sud de la Capitale, qui connait déjà une situation de tension depuis plusieurs semaines. Ajouté à cela, le Coronavirus qui ne cesse de se répandre sur Port-au-Prince, contaminant déjà 25 personnes. Les habitants de Martissant sont en train de surfer sur le banditisme, le coronavirus et l’insalubrité.

Vendredi 8 Mai 2020. 9 heures du matin. Martissant. 3e circonscription de Port-au-Prince. Entre Carrefour et Port-au-Prince, la distance n’est pas longue mais l’exercice est pénible. Les usagers de la route qui jouent à la marelle, sont pris entre eaux boueuses et alluvions de toutes sortes. Ils évitent le Bicentenaire. D’autres restent cloitrés dans un embouteillage monstre.

« C’est impraticable ! Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans une telle situation », s’énerve Robert qui doit atteindre son bureau dans 20 minutes, à pieds. Ce jeune professionnel, habitant de Carrefour, critique les autorités qui, dit-il, n’ont rien fait pour pallier ce problème.

Entretemps, les voitures n’ont pas bougé. Des passagers s’impatientent, tandis que d’autres décident de continuer leur parcours à pieds.

« Je suis là depuis 6 heures du matin. C’est pratiquement une perte de temps », se plaint Rosenie, à bord d’un autobus. Déjà plus de 2 heures dans un embouteillage, cette jeune dame risque de rater son rendez-vous important à Delmas. Elle appelle les autorités concernées à prendre les mesures necessaires, en vue d’assurer une bonne canalisation de l’eau et éviter les inondations.

Déchets, tonnes de boues, routes presqu’impraticables, à chacun sa façon de s’en sortir. Les policiers cantonnés dans la zone sont dépassés. Des agents de la PNH sont eux aussi coincés dans cet embouteillage qui paralyse totalement la circulation sur cette voie, qui mène à au moins 4 départements.

« J’habite à Carrefour. J’ai passé plus de trois heures sur une motocyclette. C’est vraiment pas possible », témoigne un policier, l’air découragé.

Ce décor devient désormais habituel, le tableau revient à chaque pluie. « Le canal « Bwad chèn », débordé, nécessite une intervention urgente », déclarent les citoyens de la zone.

Quelques jours avant ces intempéries, les habitants de Martissant avaient vécu une scène horrible. Des cadavres dépecés à l’Avenue Bolosse, suite à des conflits armés entre groupes rivaux. Les affrontements armés entre les hommes de Grand-Ravine et de Ti Bwa se sont poursuivis, malgré la présence du Coronavirus dans le département de l’Ouest.

L’ultimatum du Ministre de la Justice n’a pas été suivi d’effets. Les séparateurs placés dans la zone du Bicentenaire sont encore là, Village de Dieu reste isolé, les gangs armés se préparent à toute éventualité. Entre terreur des gangs, insalubrité et Coronavirus, la fin du calvaire des habitants de Martissant et ses environs, n’est pas pour demain.

Kettia JP Taylor / HIP

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