Mobilisation du 18 novembre : l’hypothétique dernière bataille de l’opposition

À chaque date historique, la frange radicale de l’opposition politique annonce une dernière bataille contre Jovenel Moïse. Des émeutes de juillet 2018 en passant par le mouvement Petrochallenger pour arriver au  » Peyi lòk  », l’opposition politique a tenté vainement de déloger Jovenel Moïse du palais national. Une fois encore malgré la mobilisation ratée du 17 octobre, le secteur démocratique et populaire annonce les couleurs pour le 18 novembre.

À quoi faut-il s’attendre? Certains répondront : à rien. L’incapacité des acteurs de l’opposition à faire front commun pour évincer Jovenel Moïse du pouvoir, est le véritable obstacle à la mobilisation populaire. L’échec cuisant de la mobilisation du 17 octobre est comme une épine dans le pied de l’opposition radicale qui a tenté de recoller les morceaux après les révélations fracassantes de Simon Desras sur les pratiques douteuses de certains membres de l’opposition.

À quelques jours de la date historique du 18 novembre, symbole de victoire et de liberté générale pour tous les Haïtiens, le secteur démocratique plus que solidaire ne compte pas lâcher prise. Il prend déjà rendez-vous sur le macadam pour forcer Jovenel à vider les lieux. Les opposants ont-ils les moyens de leurs politiques ?

Parallèlement, Moïse Jean Charles, l’une des figures de l’opposition, mais qui fait cavalier seul, annonce qu’il se rendra devant l’ambassade américaine le 18 novembre. Donc une mobilisation de plusieurs branches qui peut être profitable au pouvoir en place.

Pour l’heure, rien ne semble échapper au pouvoir en place. C’est une opposition plurielle qui ne s’aligne pas sur la même position. Le secteur démocratique veut le départ de Jovenel Moïse, Pitit Desalin de Moïse Jean Charles est dans une dynamique de  »construction de perception positive de son image ». C’est-à-dire que MJC veut donner une image de lui comme étant le seul à pouvoir redresser la barque. Cette situation casse la mobilisation et permet au pouvoir en place de marquer des points.

Il est clair que le pouvoir en place a dans sa poche plusieurs acteurs clés qui lui sont hostiles en apparence, mais qui observent un silence sépulcral depuis quelques temps. Il est clair que certaines zones réputées comme étant des foyers de mobilisation sont sous contrôle du pouvoir en place, sans compter les groupes de gangs qui sont à son service. Le climat d’insécurité est sans nul doute profitable au régime PHTK. La peur qui règne aujourd’hui à Port-au-Prince et dans les villes de provinces aura ses conséquences néfastes sur le taux de participation de la population dans la lutte ultime annoncée par le secteur démocratique et populaire.

On est dans le flou. C’est l’incertitude totale sur la capacité de l’opposition à marquer de son empreinte ce 18 novembre qui ramène le 217e anniversaire de la bataille de Vertières. Cependant, la bataille dont la communauté internationale n’en parle pas nous a rendu tous libres. Elle a permis aux esclaves de briser leurs chaînes et de proclamer leur liberté d’Homme. Aujourd’hui, c’est un pays assujetti, à genoux qui mérite un sursaut patriotique de tous les Haïtiens pour écrire une nouvelle page d’histoire ce 18 novembre 2020.

Ricot Saintil / HIP

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