Opération ratée à Village de Dieu : des ex-policiers haïtiens aux Etats-unis accusent le haut-état major

Des anciens membres de la Police Nationale d’Haïti vivant aux Etats-Unis expriment colère et indignation suite à l’assassinat des policiers, lors de l’opération à Village de Dieu le 12 mars dernier. Ces policiers qui ont servi l’institution pendant plusieurs années, qualifient d’irresponsable la gestion faite par le haut état-major de la police, qui n’a pas su mesurer la complexité de cette intervention.

La voix pleine d’émotion, Jocelyn, membre de la 14e promotion de la police, n’arrive toujours pas à diriger ce drame qui plonge tout le pays dans l’amertume. Depuis les Etats-unis où il vit depuis 11 ans, ce compatriote est mortifié par l’incident du vendredi 12 mars qu’il qualifie d’inhumain. Pour l’ancien agent du CIMO qui a intégré la PNH en 2001 « l’opération à Village de Dieu avait été réalisée sans aucun renseignement ».

Un avis partagé par Mario, membre de la 6e promotion de la PNH. Agent du Corps d’intervention et de maintien d’ordre, il dit également déceler une mauvaise coordination entre les unités, et une absence de matériels adéquats. « L’intervention à Village de Dieu n’a pas été planifiée », déclare Jean Gustave Cadet, un ex-membre de la 27e promotion de la police. Indigné et révolté, ce jeune garçon de 30 ans, qui a quitté le pays en 2017, accuse les autorités.

Joris, de la première promotion de l’institution policière, ne cache pas non plus sa profonde tristesse face au carnage du 12 mars. Cependant, l’échec de l’opération de la PNH n’a rien d’étonnant, selon l’ancien policier haitien. « Le problème est mal posé, les solutions seront toujours erronées », a declare l’actuel membre des forces armées américaines, ayant fait aussi des études en criminologie.

Berthony est affecté au tréfond de son âme, suite à la mort des 5 policiers. Issu de la première promotion de la police nationale, l’ex-agent de la DCPJ qui a émigré aux Etats-Unis depuis 2006, qualifie de « n’importe quoi » cette intervention, dans un quartier difficile comme Village de Dieu. Pour l’ancien cadre de la police qui vient de décrocher un diplôme de maîtrise en criminologie, l’actuel DG de la PNH Léon Charles, se laisse manipuler par le pouvoir politique.

Ces compatriotes qui affirment être « policiers pour la vie », accusent les derniers régimes qui se sont succédé en Haïti. Mario, l’ancien agent du CIMO, parle de connivence entre politiques et gangs armés, ce qui complique le travail des forces de l’ordre.

« Le problème est complexe, les stratégies d’intervention doivent être modifiées », estiment ces ex-agents des forces de l’ordre en Haïti qui sollicitent la collaboration de la population vivant dans ces quartiers réputés dangereux. Affectés par ce qui s’est passé, ils s’adressent à leurs anciens frères d’armes : « Les policiers haïtiens doivent faire preuve de courage et de solidarité, pour contrer l’action des bandits et rétablir l’ordre dans le pays…», conseillent ces anciens membres de la PNH, les invitant à se demarquer des mauvais éléments.

Notons que l’assassinat tragique des 5 policiers à Village de Dieu a secoué les familles haïtiennes aux Etats-Unis. Certains compatriotes, stressés et traumatisés, se gardent de visiter les réseaux sociaux, afin de se prémunir contre tout choc émotionnel.

Bouton retour en haut de la page