Parvenir à un accord politique, la voie à prendre pour sortir Haïti du chaos

Il n’y a que les partisans du chaos en Haïti qui s’entêtent éperdument á rêver d’élections et de référendum dans un moment de vide institutionnel, de peur généralisée, de crise chronique et surtout d’insécurité grandissante. La tragique disparition de Jovenel Moïse a offert aux Haïtiens la possibilité de redéfinir les rapports internes et externes dans l’organisation du pouvoir en Haïti. Plus d’un mois après l’assassinat du président de facto, force est de constater notre incapacité à prendre de la hauteur pour l’adoption d’un accord politique viable.

Depuis plusieurs années, certains acteurs politiques qui se réclament de l’opposition prônent la nécessite d’un « Accord Politique » pour sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se trouve depuis des lustres. Cet accord politique doit prendre en compte les problèmes institutionnels, il doit redéfinir les rapports entre les pouvoirs politiques, présenter un plan de développement durable, élaborer une politique de l’emploi, combattre le chômage, rendre l’éducation accessible à tous, haïtianiser l’éducation, professionnaliser la police nationale, faire triompher la justice etc.

Plusieurs opportunités se sont déjà présentées au pays pour prendre un nouveau départ, mais à chaque fois, les forces rétrogrades (communauté internationale, les partisans du statu quo, les affairistes) conjuguées avec l’incapacité des leaders de l’opposition à s’unir autour d’un même projet finissent toujours par envenimer la crise. La communauté internationale, particulièrement les États-Unis d’Amérique, va toujours à l’encontre des intérêts de la population. Elle a supporté le pouvoir de Jovenel Moïse, malgré les massacres, le kidnapping et surtout la violation flagrante de la Constitution par le président de facto. Elle continue encore de supporter les projets inconstitutionnels du défunt Moïse, parce qu’apparemment, elle en tire profit.

Les partisans du chaos sont partout. Ils agissent dans l’ombre, ils tirent les ficelles. Ils se sont joués de Jovenel Moïse comme d’une marionnette, lui faisant croire qu’il était intouchable; aujourd’hui il est à six pieds sous terre. Ariel Henry, tenant compte de la façon dont il est arrivé au pouvoir, va satisfaire les exigences de ses Maîtres au mépris des acteurs de l’opposition, de la société civile et du reste de la société. Il est certain qu’au milieu de l’opposition politique, les intérêts sont beaucoup trop divergents pour aboutir à un accord. Les acteurs sont beaucoup trop méfiants, ils ne sont pas sincères. Néanmoins, il est un fait indéniable que le pays aujourd’hui a grand besoin d’un accord politique pour sortir du chaos.

Les élections, ne sont pas possibles actuellement en Haïti. Ce ne sont pas des élus qui mettront fin aux dégâts matériels enregistrés ces dernières années, aux pertes en vies humaines dans les ghettos, á Martissant, au Bel-air etc. on ne pourra pas élire des parlementaires, des maires et un président sous l’égide de la constitution de 1987. Il nous faut à tout prix trouver un accord politique dans lequel seront définies de nouvelles directives pour le pays. Si notre rapport à l’international ne change pas, si on ne prend pas des dispositions pour autonomiser des institutions comme la justice pour qu’elle ne soit soumise au bon vouloir d’un président, si les limites du pouvoir parlementaire ne sont pas redéfinies, si enfin on n’arrive pas à transformer la mort de Jovenel Moïse en une opportunité saine, Haïti sombra à jamais dans le chaos.

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