Politique : à 72 heures de la visite d’Antony Blinken en Haïti, le Conseil présidentiel sous pression

À la veille de la visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken à Port-au-Prince le 5 septembre prochain, le Conseil Présidentiel de la Transition (CPT) est plongé dans une crise profonde. Trois de ses Conseillers-présidents, Louis Gérald Gilles, Smith Augustin, et Emmanuel Vertilaire, se trouvent au cœur d’un scandale impliquant la Banque nationale de crédit (BNC). Cette affaire paralyse actuellement le fonctionnement du Conseil, qui n’arrive plus à prendre certaines décisions importantes pour la gouvernance du pays.

Le CPT, qui doit obtenir cinq voix sur sept (5/7) pour valider toute grande décision, se retrouve aujourd’hui dans une impasse. La division au sein du Conseil, exacerbée par ce scandale, empêche d’atteindre ce quorum. Les trois conseillers incriminés s’accrochent à leurs postes, invoquant le principe de la présomption d’innocence pour justifier leur refus de démissionner. Cette situation complique la capacité du CPT à répondre aux défis urgents du pays, notamment dans un contexte de transition politique.

Face à l’urgence de la situation, le Conseil envisage de prendre des mesures conservatoires contre les conseillers concernés dès le début de cette semaine. Le but est clair : écarter temporairement ces conseillers pour rétablir le bon fonctionnement du CPT. Cette décision, qui pourrait être influencée par la visite imminente d’Antony Blinken, est cruciale pour montrer un engagement ferme dans la lutte contre la corruption et pour restaurer la confiance au sein des institutions de transition.

Pendant ce temps, Raoul Pierre Louis, ancien président de la BNC et principal accusateur dans cette affaire, aurait quitté le pays après avoir été entendu par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Selon ses proches, il a pris cette décision pour des raisons de sécurité. Ce départ précipité met en lumière les risques associés à cette affaire et soulève des questions sur la protection des témoins dans des enquêtes aussi sensibles.

Alors que la visite d’Antony Blinken approche, le CPT se trouve à un carrefour décisif. La gestion de ce scandale sera observée de près par la communauté internationale, qui attend des signaux clairs de transparence et d’intégrité de la part des autorités haïtiennes. Les mesures que le CPT prendra cette semaine pourraient avoir des répercussions majeures sur la stabilité de la transition en cours et sur l’image du pays à l’étranger.